La FĂ©dĂ©ration nationale des enseignantes et des enseignants du QuĂ©bec (FNEEQ–CSN) souligne le paradoxe entre le discours officiel du gouvernement Legault qui se targue d’être un dĂ©fenseur de la langue française et l’annĂ©e qui s’est Ă©coulĂ©e avant de rendre public le Rapport du comitĂ© d’expertes sur la maĂ®trise du français au collĂ©gial. « Pourquoi une telle attente si le français est une prioritĂ© pour le gouvernement ? A-t-il choisi de ne pas faire de vagues avant les Ă©lections de l’automne dernier ? » se questionne Caroline Quesnel, prĂ©sidente de la FNEEQ–CSN.  

Ce rapport risque de choquer les membres de la FNEEQ–CSN qui enseignent la littĂ©rature au collĂ©gial. « Le rapport insinue qu’après onze annĂ©es de formation au primaire et au secondaire, il faudrait repartir Ă  zĂ©ro. C’est comme si on demandait aux profs de mathĂ©matiques d’enseigner les tables de multiplication au cĂ©gep. Quand on arrive en enseignement supĂ©rieur, il faut que la langue soit maĂ®trisĂ©e en amont, pour que l’on puisse bâtir sur des acquis », souligne Caroline Quesnel.  

Du mĂŞme souffle, le rapport semble enfoncer des portes ouvertes en recommandant un enseignement explicite du fonctionnement de la langue en relation Ă©troite avec la lecture et l’écriture : cela se fait dĂ©jĂ  au quotidien dans le cadre de l’enseignement de l’analyse littĂ©raire. 

Le numĂ©rique : obsession du premier ministre 

Le rapport, visiblement rĂ©digĂ© avant l’utilisation accĂ©lĂ©rĂ©e des robots conversationnels, fait Ă©cho au plan d’action numĂ©rique gouvernemental et Ă  l’amour dĂ©mesurĂ© du premier ministre Legault pour la technologie comme gage de solution Ă  tous les maux. « Le numĂ©rique fait partie de nos vies, mais on ne doit pas se fier qu’aux machines et aux robots pour Ă©crire Ă  notre place. Il faut maĂ®triser la langue et comprendre comment elle fonctionne. C’est capital », martèle Caroline Quesnel. 

Par ailleurs, la FNEEQ partage le constat des chercheuses avançant que la valorisation de la langue est une responsabilité partagée et l’affaire de tout le milieu, de tous les enseignantes et enseignants, peu importe la discipline. Le ministère doit fournir des données supplémentaires pour dresser un portrait plus complet et doit consulter les spécialistes de l’enseignement que sont les profs.

La FĂ©dĂ©ration, qui reprĂ©sente 85 % des profs de cĂ©gep, s’intĂ©resse de près au dossier. En dĂ©cembre dernier, les syndicats membres ont mandatĂ© la FĂ©dĂ©ration pour rĂ©flĂ©chir aux moyens de valoriser la langue : le chantier en cours prĂ©voit une consultation des membres qui enseignent en français littĂ©rature et langue seconde.