Lutter contre l’homophobie et l’intimidation: une nécessité!

Au mois d’avril dernier, les organisations membres des tables nationales de lutte contre l’homophobie, dont la FNEEQ est membre, conviaient le Québec au deuxième colloque «Agir contre l’homophobie et l’intimidation: mon milieu accueille la diversité».

Certaines personnes pourraient se demander pourquoi organiser un colloque de ce type? Et quel est le lien avec le milieu scolaire?

Pour ceux et celles qui connaissent des personnes de leur entourage qui sont gaies, lesbiennes, bisexuelles, transgenres (LGBT) ou qui ne correspondent pas aux stéréotypes masculins ou féminins projetés par la société, la question ne se pose pas. Mais pour les autres, voire la majorité, c’est une réalité bien mal connue.

Et cette réalité est presque toujours parsemée de doutes, de peur du rejet, d’humiliations, d’agressions et d’intimidation, de blessures morales, ou parfois même, physiques. Et cela est particulièrement vrai lors des années vécues à l’école, où chacun se définit, se découvre et apprend à vivre avec son identité, et sous le regard des autres.

Certains droits sont en voie d’être reconnus. Mais cela leur facilite-t-il la vie autant qu’on le croirait? Cela rend-il ces personnes davantage capables d’exprimer ce qu’elles ressentent? Arrivent-elles à se sentir plus en sécurité? Leurs proches les comprennent-ils mieux?

Au Canada, bien que l’on dise que l’homosexualité est plus acceptée qu’autrefois, l’homophobie est toujours présente. Selon des données publiées au début de 2013, Statistique Canada indique que les crimes motivés par la religion avaient diminué de 17% alors que ceux motivés par l’orientation sexuelle augmentaient de 10%. Il convient donc de s’en soucier.

Cette réalité est aussi ressentie dans les milieux scolaires. Une enquête intitulée « Impacts de l’homophobie et de la violence homophobe sur la persévérance et la réussite scolaire », menée par Mme Line Chamberland de l’UQAM auprès d’élèves du 3e et 5e secondaire et auprès de 1 844 cégépiens et cégépiennes, a montré que la violence à caractère homophobe est fortement présente en milieu scolaire. Dans son rapport, Mme Chamberland expose que «…plus du tiers (38,6%) des 2 747 élèves du secondaire sondés dans le cadre de cette étude rapportent avoir été victimes d’au moins un acte de violence en milieu scolaire, parce qu’ils sont ou parce qu’on pense qu’ils sont lesbiennes, gais ou bisexuelles (LGB). Au collégial, 4,5 % des répondants-es rapportent avoir vécu de la violence homophobe.». À cela, il faut ajouter les témoins de violence homophobe ou transphobe. Comment peut-on penser que cela n’a pas d’impact sur la vie des élèves dans les écoles? Les études démontrent que ces «…manifestations d’homophobie, d’intimidation ou de violence rendent très pénible le cheminement scolaire de plusieurs jeunes, conduisant certains au décrochage scolaire et même au suicide.»

Voilà pourquoi un tel colloque a toute son importance pour une fédération comme la FNEEQ. Ce colloque a permis de sensibiliser, d’informer et de faire prendre conscience de ce que vivent les personnes LGBT dans le milieu scolaire. Il a fourni des outils d’intervention et rendu accessible le savoir des organisations de lutte contre l’homophobie pour comprendre et intervenir contre la discrimination et l’intimidation. Mais surtout, il a permis de prendre conscience qu’il est impératif d’agir maintenant pour dire non à l’intimidation et à l’homophobie.

Les activités du colloque
La grande couverture médiatique du printemps 2013 pour la lutte contre l’homophobie a marqué le paysage québécois et a fait beaucoup réagir. Cette campagne était en lien avec la politique québécoise de lutte contre l’homophobie et c’est la présentation de cette dernière, par une représentante du ministère de la Justice, qui a donné le coup d’envoi au colloque.

Les ateliers présentaient des thèmes variés, dans des formats tout aussi variés :

  • état de la situation : homophobie dans le monde;
  • présentation de résultats d’enquête auprès de jeunes LGBT;
  • conférence sur les effets de l’hétérosexisme et sur des moyens de le contrer;
  • conférences sur la loi visant à prévenir et à combattre l’intimidation et la violence à l’école (et son application dans les écoles);
  • présentation d’exemples de bonnes pratiques d’ouverture à la diversité sexuelle et de genre dans les collèges et les universités;
  • ateliers de présentation de stratégies visant à en finir avec l’homophobie et à promouvoir l’inclusion;
  • témoignages de parents, etc.

De petites choses qui font une grande différence
Ce colloque permettait aux participants de s’outiller afin de mieux combattre l’homophobie et la transphobie.

À titre d’exemple, vous êtes-vous déjà demandé comment une personne qui est en processus de changement de sexe peut se sentir devant les salles de toilettes marquées du symbole «Femme» et «Homme»? Dans quelle salle doit-elle entrer? Comment la regardent les autres, selon qu’elle entre dans l’une ou l’autre? Le seul fait d’avoir accès à des salles de toilettes mixtes, facilite certainement les choses ou du moins, cause un souci de moins.

L’intégration et l’acceptation de la diversité impliquent que les personnes puissent exister et exprimer ce qu’elles sont. La création de groupes LGBT, quant à elle, brise l’isolement et lance un message d’acceptation, d’ouverture et de reconnaissance.

Affirmer dans l’institution que la violence, l’intimidation et la discrimination ne sont pas tolérées est aussi une manière de rendre plus sereine la vie en commun, dans le respect de la diversité.

Le prochain colloque, dans deux ans!
Évidemment, chacun a pu retirer des apprentissages très différents selon les ateliers choisis et selon le niveau de sensibilisation à ces questions avant le colloque. Chose certaine, ce colloque répondait à un important besoin si on considère la participation et l’enthousiasme des participants et participantes. Il répondait au besoin de comprendre, de s’ouvrir pour permettre une plus grande acceptation de la diversité dans tous les milieux.

Le comité école et société
On peut rejoindre le comité école et société à l’adresse : cesfneeq@csn.qc.ca