Le 28e congrès de la FNEEQ, qui s’ouvrira au mont Sainte-Anne à la fin de mai, marquera les 40 ans de notre fédération. Et l’une des choses dont elle peut certainement s’enorgueillir, quatre décennies après sa fondation, c’est de toujours avoir pris part activement aux débats marquants qui ont émaillé, depuis, l’évolution du système d’éducation québécois.

Cet engagement systématique est évoqué dans le thème retenu pour ce congrès: Une solidarité enseignante en mouvement. Il a été possible grâce à la présence et au dévouement de centaines de militantes et de militants qui, à travers des écrits, des analyses et des débats, à travers des luttes difficiles aussi, ont réussi à faire de la FNEEQ un interlocuteur incontournable dans le monde de l’éducation en général, et dans celui de l’enseignement supérieur en particulier.

Le congrès de mai veut s’inscrire directement dans cette perspective. Les délégué-es (on en attend plus de 200) seront conviés à s’approprier et à débattre de positions fédérales importantes, rassemblées sous le thème d’une sortie de crise que, syndicalement, nous voulons sociale, verte, et clairement tournée vers l’éducation.

Sociale, parce qu’il serait inacceptable qu’une crise de cette ampleur du système capitaliste ne soit qu’une occasion d’ajustements périphériques. On peut difficilement continuer à accepter que le profit constitue le principe structurant de toute l’organisation sociale: des changements profonds sont nécessaires, que le mouvement syndical doit élaborer, proposer, puis revendiquer.

Verte, parce que les valeurs que nous portons commandent que la FNEEQ soit à l’avant-garde de la lutte pour l’environnement. Notre responsabilité à cet égard est double. D’abord, celle qui incombe et que devrait reconnaître tout groupe, entreprise ou établissement quant à la nécessité d’adopter des comportements organisationnels responsables. Ensuite celles qui, pour une fédération d’enseignantes et d’enseignants, du rôle de sensibilisation que nous pouvons assumer.

Mais au premier chef, nous voulons une sortie de crise qui fasse résolument le choix de l’éducation. L’évolution de la société humaine est telle que l’éducation ne peut plus être conçue comme un simple moteur d’émancipation sociale, parmi d’autres. Dorénavant, elle en constitue plutôt une condition absolument nécessaire : les décrocheuses et les décrocheurs d’aujourd’hui sont les laissés pour compte de demain.

Malgré cela, la société et les gouvernements ne semblent pas prêts à reconnaître concrètement qu’il faut faire de l’éducation une priorité. Les sondages – bien qu’il y ait de ce côté une certaine évolution – montrent que l’éducation n’est pas une préoccupation parmi les plus importantes pour la population. Quant au gouvernement, il agit à la pièce et ne démontre aucune volonté politique de mettre en place un plan d’ensemble cohérent et énergique qui serait pourtant bien nécessaire.

Tout cela doit interpeller le monde syndical. Quelques mois après la parution du manifeste Faire de l’éducation la priorité nationale, force est de constater que nous n’avons pas réussi à amener cette urgence sur la place publique. Comment poursuivre l’action syndicale dans ce contexte? Faut-il chercher à agir autrement?

Ces questions doivent être au cœur de nos réflexions. Mais d’autres enjeux seront aussi abordés dans le cadre du congrès: ceux qui sont liés à la réussite, par exemple, ceux qui concernent les menaces à l’autonomie professionnelle, ainsi que tout l’avenir de l’enseignement supérieur en région. Les délégué-es pourront cette fois débattre dans le cadre d’ateliers, ce qui permettra une participation plus active et plus directe aux réflexions du congrès.

Centré sur des débats de fond et coloré par des festivités à la hauteur de l’événement que constituent nos 40 ans d’existence, le 28e congrès promet d’être un moment fort dans l’histoire de la FNEEQ. Il entendra surtout refléter la réalité de la FNEEQ, une fédération riche de ses membres et fière d’un engagement qui dépasse largement les frontières de la seule promotion de nos intérêts.

Parce qu’au-delà des ordres du jour, toutes les assemblées syndicales de la planète FNEEQ n’ont finalement qu’un seul et unique sujet de préoccupation, soit l’amélioration de la qualité du réseau d’éducation québécois.