Depuis plus de deux semaines, le premier ministre profite de ses points de presse quotidiens pour souligner l’importance des anges gardiens et les remercier de leur dévouement. Depuis plus de deux semaines aussi, la CSN réclame que la reconnaissance du gouvernement à l’égard de toutes celles et ceux qui sont au front se traduise, au-delà des mots, par des mesures concrètes et immédiates.

Le 23 mars dernier, nous avons demandé au Conseil du trésor de suspendre la négociation pour une période allant jusqu’à 18 mois et de mettre en place différentes mesures, dont une prime de 3 $ à 4 $ l’heure pour le personnel du secteur public appelé à contribuer aux efforts des mesures d’urgence de lutte contre la COVID-19. C’est aujourd’hui seulement que le gouvernement a répondu à cette demande.

Il propose une prime de 8 % pour une période de trois mois, pour quelques titres d’emploi, et seulement dans les trois milieux de travail suivants : les urgences, les soins intensifs et les CHSLD.

Le gouvernement ignore ainsi un nombre très important de travailleuses et de travailleurs au front contre la COVID-19. Que ce soit dans les établissements de santé, dans les CHSLD, dans les domiciles privés des bénéficiaires ou dans les écoles offrant des services de garde pour les enfants du personnel de la santé, le danger est bien réel. En date du 1er avril, 177 personnes du réseau de la santé et des services sociaux étaient infectées par la COVID-19. Parmi ces personnes, on retrouve des travailleuses et des travailleurs dont les emplois ne sont pas visés par la prime.

Pour la CSN, il est clair que l’heure n’est pas à évaluer les niveaux de risque pour chaque titre d’emploi, ni en fonction des activités quotidiennes de chaque individu. Il s’agirait d’un exercice complexe et futile en temps de crise, sans compter les risques de débordements de décisions arbitraires. Tous nos efforts doivent être mis pour maintenir l’offre de service à la population pour sauver des vies et passer à travers la pandémie.

Aussi, en proposant une prime en % et non en montant fixe, le gouvernement laisse entendre que, pour lui, mettre sa vie en danger n’a pas la même valeur pour toutes les travailleuses et tous les travailleurs. Pour une préposée aux bénéficiaires, par exemple, la prime serait d’environ 1,75 $ l’heure, ce qui est nettement insuffisant et démobilisant. Rappelons que bon nombre d’employeurs privés (épiceries, pharmacies, usines d’abattage, etc.) offrent à leurs salarié-es des majorations de 2 à 5 $ l’heure pour reconnaître leur contribution essentielle dans cette crise.

Enfin, alors que le gouvernement affirme que la crise va durer des mois et qu’il fait pression pour imposer une convention collective de 3 ans aux travailleuses et aux travailleurs, il refuse d’envoyer un message fort pour la prochaine année à l’ensemble de celles et ceux qui sont au front pour la population du Québec.

Nous poursuivons donc les discussions avec le Conseil du trésor pour une reconnaissance juste et équitable de tous les anges gardiens.