C’est avec scepticisme que la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ–CSN) accueille l’investissement de 3,9 milliards de dollars en 5 ans annoncé par le gouvernement du Québec cet après-midi, afin de contrer la pénurie de main-d’œuvre. Si la somme réservée aux bourses d’études (1,7 G$) est colossale, elle ne répond pas pour les secteurs de l’éducation et de l’enseignement supérieur aux véritables besoins des enseignants et des étudiants. « C’est bien d’agir pour attirer des recrues, mais le mur de la réalité des conditions de travail pénibles dans le secteur public, particulièrement dans nos écoles et établissements d‘enseignement, décourage les gens de rester à l’emploi », analyse Caroline Quesnel, présidente de la FNEEQ–CSN. Rappelons que 20 % des nouvelles enseignantes et enseignants quittent la profession en moins de cinq ans essentiellement en raison des mauvaises conditions de travail. Ce sont autant de gens formés qui ne travaillent plus dans le secteur. Les bourses d’études n’y changeront rien.

Vision utilitariste de l’éducation

La FNEEQ–CSN s’inquiète aussi de voir le réseau de l’éducation utilisé pour combler la vision économique du gouvernement actuel. « Il y a un dirigisme étatique qui non seulement favorise six domaines d’étude, mais risque d’aggraver la pénurie dans les autres secteurs, tout en les dévalorisant », soutient Caroline Quesnel qui rappelle que l’ensemble des domaines enseignés s’avèrent essentiels pour la société. Cette vision très étroite d’une éducation au service de l’économie est très préoccupante et va à l’encontre d’une société inclusive, démocratique et ouverte sur le monde.

En outre, le gouvernement propose une solution individuelle – bourses directes aux individus – à un problème collectif, celui du sous-financement des services publics depuis des décennies. « Il est très décevant de constater que l’investissement en enseignement supérieur, réclamé depuis fort longtemps, soit essentiellement concentré sous forme de bourses aux études, sans prévoir suffisamment de ressources additionnelles dans nos collèges et nos universités pour accompagner les étudiantes et étudiants dans leur réussite », rappelle Caroline Quesnel.

La FNEEQ–CSN appelle par ailleurs à la prudence dans le développement de formation de courte durée ou l’accélération de l’offre de formation en démarche de reconnaissance des acquis et des compétences. « Il ne faudrait pas escamoter la formation générale essentielle à la constitution de la culture commune québécoise si chère au gouvernement Legault », conclut Caroline Quesnel.