La nouvelle circulait déjà dans les collèges : le gouvernement du Québec a alloué aux cégeps leur juste part des transferts fédéraux pour l’enseignement supérieur. Toutefois, avec le dépôt des crédits à la fin de la session parlementaire, qui permettent de mieux identifier les choix gouvernementaux, force est de constater que le gouvernement du Québec n’offre aucun appui à la tâche inhérente des enseignantes et des enseignants et ne consent qu’un maigre 10% sur l’ensemble de la somme dévolue aux cégeps à des fonctions périphériques.

 

En accordant près de 70M$ aux cégeps, le gouvernement se rend en effet à la demande de la Fédération des cégeps mais aussi de toutes les composantes du collégial réunies dans la Coalition-cégeps. Ces organismes réclamaient que le partage des transferts fédéraux respecte le poids relatif des cégeps et des universités dans le budget de l’éducation, respectivement 40% et 60%. Mais là s’arrête la bonne nouvelle pour les enseignantes et les enseignants de cégep, puisque seulement 10% de cette somme pourra être consacré à la mission première des cégeps, soit l’enseignement. Et encore, pas question de soulager la tâche inhérente : on répète le scénario de la dernière négociation en ajoutant un autre colonne (qu’on pourrait appeler «prime») aux sommes que les collèges sont autorisés à consacrer à des éléments périphériques de la tâche. Les directions des collèges pourront ainsi financer de nouveaux projets axés entre autres sur la réussite ou l’amélioration de la qualité de la langue, mais la tâche à distribuer dans les départements demeurera la même.

Cette décision ministérielle, pour laquelle le Conseil du trésor a probablement beaucoup eu à dire, est à bien des égards très choquante. D’abord, on constate le peu de cas fait au financement de l’enseignement proprement dit. De plus, cette décision augmente la précarité dans le réseau, les allocations ne pouvant pas servir à la création de postes et ne sont pas comptabilisées dans la lettre de garantie. Par ailleurs, les modalités imposées à ce maigre réinvestissement constituent une fin de non recevoir aux représentations faites sur la lourdeur de la tâche, empêchant les collèges d’investir au profit de la tâche inhérente des enseignantes et des enseignants, celle qui subit les problèmes les plus criants. Quelques mois à peine après la sortie du rapport sur la profession enseignante, ce geste est une gifle à l’égard des enseignantes et des enseignants du réseau.

Il a fallu attendre la fin de juin pour que le Ministère, dans le cadre d’une rencontre entre le CPNC et les trois fédérations syndicales FAC-FEC-FNEEQ, nous informe officiellement de ses décisions. Trop tard, il va sans dire, pour convoquer un regroupement des syndicats d’urgence ou pour réagir de manière plus concertée. Parions cependant que ce choix du MELS, qui sera exposé en détail à la première réunion du regroupement à la rentrée, sera au centre de nos débats de la rentrée et qu’il ne pourra passer inaperçu à cause de la période estivale.