Montréal, le 16 juin 2006 – La Coalition-cégeps, qui regroupe les étudiantes et les étudiants, le personnel enseignant, les parents et le personnel de soutien et le personnel professionnel des cégeps, a reçu de manière positive l’ajout de ressources dans les réseaux, mais exprime des réserves face au projet ministériel de rapprochement des formations professionnelle et technique, dévoilé lundi par le ministre de l’ducation, des Loisirs et du Sport, Jean-Marc Fournier.

Ce plan prévoit l’uverture de trois chantiers de rapprochement : celui des établissements concernés (cégeps et centres de formation professionnelle), celui des services offerts et, finalement, celui du monde de l’ducation avec

le marché du travail. Ces chantiers s’inscrivent dans une approche régionale et c’est aux acteurs régionaux qu’il reviendra de les concrétiser, à partir d’une enveloppe de 26 millions de dollars répartie sur trois ans. Des tables

de concertation interordres seront mises en place, ou réactivées, dans chacune des régions.

Bien que le ministère s’attaque à des problèmes maintes fois soulevés, notamment en regard de l’accessibilité aux programmes de formation en région, la somme dévolue est encore loin de constituer une solution durable au

sous-financement chronique du réseau des cégeps.

La coalition se réjouit par ailleurs du fait que le projet, du moins dans ses intentions, préserve l’intégrité des missions respectives du secondaire et du collégial, et qu’il y soit question de développement en matière de reconnaissance des acquis.

Des inquiétudes légitimes

Mais au-delà des bonnes intentions du ministre, le projet comporte plusieurs éléments qui soulèvent des inquiétudes légitimes.

L’approche régionale peut certes avoir du bon, mais si les responsabilités nationales et régionales sont mal balisées, le risque demeure de voir se poursuivre le développement d’un système d’éducation à géométrie variable selon les régions. La Coalition-cégeps a constamment défendu avec vigueur la nécessité de maintenir au collégial des diplômes nationaux, basés sur des programmes qui le soient également. Les étudiantes et les étudiants ne seront pas mieux servis si les changements proposés mènent à des disparités plus grandes d’un collège à l’autre.

La participation des enseignantes et des enseignants, des autres catégories de personnel ainsi que des étudiants, reste aussi à être précisée et suscite des interrogations.

"Toute la problématique de la formation générale n’a pas été évoquée par le ministre, fait remarquer Jean Trudelle, porte-parole de la Coalition-cégeps. Or, on sait bien que c’est la pierre d’achoppement de toutes les tentatives de passerelles entre la formation professionnelle et la formation technique. Il y a un réel danger de déqualifier la formation technique, actuellement d’excellent niveau, ou alors de diriger des étudiantes et des étudiants au DEP vers un cul-de-sac, parce qu’ils n’auront pas le soutien nécessaire pour réussir dans ces nouveaux parcours. Ce n’est pas en diminuant les exigences d’entrée au cégep qu’on règlera le problème de manque d’effectifs à la formation professionnelle", précise-t-il.

La Coalition-cégeps entend suivre de près les développements concrets du projet ministériel et faire entendre sa voix, si des dérives vis-à-vis les intentions initiales venaient à menacer la qualité de la formation ou l’intégrité du niveau collégial.

« On comprend bien que le gouvernement s’inquiète des 680 000 emplois qu’il faudra combler au Québec d’ici quelques années, ajoute Jean Trudelle. Mais dans un tel contexte, la pression est forte pour favoriser des formations plus courtes qui permettraient à un plus grand nombre d’accéder plus rapidement au marché du travail. Cependant, cette approche risque de mettre en péril la qualité de la formation offerte aux étudiantes et aux étudiants. L’enseignement collégial doit leur permettre de développer l’autonomie et la polyvalence nécessaires pour faire face à un marché du travail changeant. Répondre au marché du travail est certes louable, mais répondre aux besoins des étudiantes et des étudiants l’est encore plus », conclut M. Trudelle.

Dans cet esprit, les décisions du ministère de l’Éducation ne peuvent être prises sur la seule base de l’état prévisionnel du marché de l’emploi. L’exemple des infirmières, il y a quelques années, est particulièrement révélateur : appréhendant des surplus de personnel, le ministère avait pensé contingenter les effectifs, avec le résultat désastreux que l’on sait.

Le communiqué est émis par la Coalition-cégeps, composée de : la Fédération des associations de parents des cégeps du Québec (FAP);

les organisations étudiantes :

  • la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ),
  • l’Association syndicale pour une solidarité étudiante (ASSE);

les organisations syndicales du personnel de soutien :

  • la Fédération des employées et employés des services publics (FEESP-CSN),
  • la Fédération du personnel de soutien de l’enseignement supérieur (FPSES-CSQ) et le
  • Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP-FTQ);

les organisations syndicales du personnel professionnel :

  • la Fédération du personnel professionnel des collèges (FPPC-CSQ) et
  • le Syndicat des professionnelles et des professionnels du
  • gouvernement du Québec (SPGQ);

les organisations syndicales du personnel enseignant :

  • la Fédération autonome du collégial (FAC),
  • la Fédération des enseignantes et enseignants de cégep (FEC-CSQ) et
  • la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ-CSN).

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