La Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ–CSN), qui représente 80 % des chargé-es de cours universitaires dans la province, demande à la CAQ d’arrêter de confondre les étudiantes et les étudiants avec des guichets automatiques et de présenter rapidement sa nouvelle politique de financement des universités pour offrir à la communauté universitaire un portrait global de ses intentions.

« Il est inacceptable qu’un meilleur financement des universités passe par la marchandisation des étudiantes et des étudiants et la réduction de l’accessibilité aux études. Nous sommes inquiets des orientations du gouvernement et nous demandons à la ministre Déry de dévoiler sa nouvelle politique de financement des universités, pour laquelle elle a mené des consultations en juin dernier », martèle Caroline Quesnel, présidente de la FNEEQ–CSN. 

« On soigne une maladie provoquée dans le passé par le ministère, sans faire de diagnostic exhaustif et en improvisant un traitement partiel, sans garantie de guérison. »
Caroline Quesnel
présidente de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ–CSN)

Chronique d’un déséquilibre annoncé

En 2018, la FNEEQ–CSN avait dénoncé la décision du gouvernement de déréglementer les droits de scolarité des étudiants internationaux. La fédération avait alors évoqué les iniquités de financement entre les universités des régions et celles des centres urbains qu’induirait une telle libéralisation des droits de scolarité, ainsi que le renforcement de la course aux étudiants internationaux.

Sans surprise, les faits actuels confirment malheureusement ces appréhensions. Compte tenu du déséquilibre dans le financement des universités et, par conséquent, de l’urgence de mieux financer les établissements francophones et en région, il faut maintenant réparer ce gâchis. Cependant, la voie choisie par le gouvernement de la CAQ – soit celle de hausser significativement les droits de scolarité des étudiants canadiens et internationaux – ne résiste pas à une analyse sérieuse des sources du problème. « On soigne une maladie provoquée dans le passé par le ministère, sans faire de diagnostic exhaustif et en improvisant un traitement partiel, sans garantie de guérison », illustre Caroline Quesnel.

La FNEEQ–CSN déplore en effet que l’annonce faite vendredi dernier par le gouvernement n’ait pas permis de prendre connaissance de l’ensemble des positions qui seront mises au jeu par la ministre Déry. En raison de ce portrait partiel et insatisfaisant, la CAQ doit procéder rapidement à une annonce pour présenter l’ensemble de sa vision pour répondre aux nombreux défis des universités. Parmi ceux-ci se trouve, notamment, la valorisation de la langue française. Cela doit se faire grâce à des mesures beaucoup plus structurantes et efficaces qu’un simple pari sur la baisse d’étudiantes et d’étudiants internationaux dans les rues de Montréal. Les membres de la FNEEQ–CSN ont d’ailleurs adopté en mai 2022 des recommandations en ce sens qui touchent la recherche en français, les communications, l’encadrement des cours en anglais dans les établissements francophones, etc.

« Comme nous l’avons répété à plusieurs reprises, le modèle de l’utilisateur-payeur et la logique de croissance des droits de scolarité dénotent une vision utilitariste de l’enseignement supérieur, plutôt qu’un enrichissement culturel et intellectuel qui profite à toute la société québécoise », conclut Christine Gauthier, vice-présidente de la FNEEQ–CSN, responsable du regroupement université.