Le 5 juin, lors d’un passage au CHUM pour rencontrer des stagiaires de même que des finissantes et des finissants en soins infirmiers, le ministre de la Santé, Christian Dubé, et son homologue de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry, ont déclaré que « la formation collégiale [était] là pour rester ». « Il n’y a pas une formation moins pertinente qu’une autre », ont-ils aussi dit, ajoutant que des efforts importants allaient être investis pour moderniser le DEC. « Toutes les formations s’équivalent en importance ». On pouvait lire des propos similaires dans le communiqué de presse publié par Mme Déry et M. Dubé le lendemain en fin d’après-midi.

La FNEEQ–CSN croit fermement que le programme collégial de soins infirmiers doit demeurer qualifiant, notamment parce que les cégeps, qui relèvent de l’enseignement supérieur, rendent les études dans ce domaine beaucoup plus accessibles géographiquement et financièrement que les universités tout en offrant une formation de haut calibre reconnue et appréciée du milieu. 

Elle se réjouit donc de cette prise de position des deux ministres, qui semble aller dans le même sens que ce que la fédération préconise. Écarter l’idée, défendue par l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ) depuis des années, de rendre le baccalauréat obligatoire comme porte d’entrée à la profession infirmière est un pas dans la bonne direction.

Dissiper l’ambiguïté

Un doute persiste cependant puisque les médias rapportaient lundi que M. Dubé entendait prendre sa décision finale après la transmission du troisième rapport du commissaire à l’admission aux professions, qui portera entre autres sujets sur la formation reçue par les futures infirmières. Ajoutons que nulle part dans le communiqué de presse des deux ministres n’affirme-t-on sans ambiguïté que le DEC continuera toujours – même une fois la pénurie de personnel résorbée – de mener directement au marché du travail.

Soulignons d’ailleurs à cet égard que l’OIIQ ne propose pas d’éliminer le programme collégial, mais plutôt d’en faire un genre de formation préuniversitaire spécialisée à l’issue de laquelle les étudiantes obtiendraient un statut temporaire de résidente, le temps de terminer leur baccalauréat. Or, une telle avenue créerait un dangereux précédent et viendrait mettre à mal le modèle unique dont s’est doté le Québec il y a plus de 50 ans : un DEC technique ne permettant pas l’exercice immédiat d’une profession à la suite de son obtention, ça n’existe pas.

Bref, quoique la sortie effectuée cette semaine par Pascale Déry et Christian Dubé constitue un pas dans la bonne direction, elle ne nous rassure pas totalement.

Nous avons bien hâte que ce débat soit clos de manière claire et nette afin que toutes les actrices et tous les acteurs concernés puissent se concentrer sur l’essentiel : la révision de la formation collégiale au profit de la santé de la population québécoise, processus qui se fait attendre depuis trop longtemps.
Yves de Repentigny
Vice-président de la FNEEQ
Responsable du regroupement cégep