Mission accomplie !
Une importante délégation de la
FNEEQ a assisté, en juillet dernier, au Ve congrès de l’Internationale de l’Éducation (IE), une
organisation qui regroupe maintenant plus de 30 millions d’enseignantes et d’enseignants à travers
le monde et à laquelle la FNEEQ est affiliée. L’IE est, en fait, une fédération internationale de
syndicats de l’enseignement, qui œuvre à la promotion de l’éducation et à l’amélioration des
conditions de travail de celles et ceux qui la font. En plus du communiqué annonçant la délégation
de la FNEEQ au congrès de Berlin en juillet 2007, une
école et société est revenue fut produite en septembre 2007 sur la présence de la fédération à
ce congrès et un reportage sera publié dans l’édition de novembre 2007 de la revue
Carnets. Voici quelques
témoignages que nous avons recueillis au cours du congrès.
Ne pas faire semblant que le problème d’acceptation n’existe pas
«
Près d’une soixante de personnes ont participé au caucus LGTB. Après une présentation fort
intéressante de Kevin Jennings d’une organisation états-unienne appelée Gay, Lesbian & Straight
Education Network (GLSEN), les participantes et les participants ont fait le point sur la situation
qui prévaut dans chacun de leur pays respectif. Bien sûr, les témoignages reflétaient des
situations fort diverses. Le délégué de la Colombie, par exemple, a confié qu’il ne ferait même pas
rapport sur cette activité ! Sa seule présence au caucus était discutable ! Et certains pays
n’avaient pas de représentant, alors que la situation des LGTB est déplorable chez-eux.
On ne peut pas faire semblant que le problème de l’acceptation des LGBT n’existe pas… le taux
de suicide des jeunes de 18-24 ans dans ce groupe est 6 fois plus élevé que celui des jeunes en
général ! Mais l’IE va dans le bon sens ! En après-midi, nous avons pu visiter des organismes
communautaires qui travaillent à l’accueil et à l’intégration des LGBT pour les aider à sortir de
l’isolement.»
Francis Lagacé, chargé de cours à l’Université de Montréal
Une formidable ouverture sur le monde !
Pour Isabelle
Reny, enseignante en éducation physique du Cégep Beauce-Appalaches, ce congrès est une ouverture
sur le monde assez impressionnante !
« On y découvre des cultures et des réalités complètement différentes et, en même temps, il
existe des similitudes entre les milieux de l’enseignement : la recherche d’une éducatiion de
qualité et la reconnaissance du personnel enseignant comme une composante esssentielle de cette
éducation de qualité. Elle retient en particulier deux interventions : « celle du Yémen, qui
souhaite que l’IE élabore des critères mondiaux pour déterminer ce qu’est un enseignant qualifié et
professionnel et celle d’un autre délégué qui demande à l’IE de mener une campagne internationale
de promotion de l’éducation. » De son coté, Maxime Poulin, un enseignant des sciences humaines du
Cégep Beauce-Appalaches, constate que même s’il existe bien des différences entre les régions du
monde, certaines réalités auxquelles sont confrontés les enseignants sont semblables. Ainsi,
dit-il, « les directeurs d’école peuvent être l’instrument des gouvernements, les enseignants des
techniciens de l’éducation et les étudiants des produits quantifiables…».
Isabelle Reny et Maxime Poulin, enseignants au cégep de Beauce-Appalaches
Le rôle des enseignants au 21e siècle
« L’un des ateliers tenus le lundi 23 juillet était animé par Eva-Lis Preisz, membre du
conseil exécutif du Lärarförbundet (Suède). Lors de cet atelier, les intervenants Guy Ryder,
secrétaire général de la CSI, Thulas Nxesi, président de l’IE, Jucara Dutra Viera, vice-présidente
de l’IE, et Agnès Jongerius, présidente de la FNV (Pays-Bas) ont fait le point sur leur conception
du rôle et de la mission des syndicats d’enseignants pour construire un monde socialement
juste.
Ils ont particulièrement mis en lumière la nécessité pour les organisations syndicales de s’i
mpliquer activement dans les débats publics et de ne pas restreindre leur action uniquement aux
luttes syndicales. Soulignant que même si les syndicats veulent préserver une certaine autonomie
vis-a-vis les pouvoirs politiques, cela ne devrait pas empêcher leurs leaders syndicaux d’améliorer
leurs interventions et leurs moyens de communication afin de faire valoir leurs positions auprès de
l’opinion publique. Enfin, la valorisation professionnelle de l’enseignant serait selon les
participants à ce débat un enjeu majeur à mettre de l’avant dans tous les syndicats d’enseignants
et ce, à travers le monde.
Nicole Blouin, vice-présidente aux communications du Syndicat des chargées et chargés de
cours de l’Université Laval
Prof à l’université, un travail de plus en plus précaire
« Au cours du dernier
mandat, l’Internationale de l’éducation a activement travaillé pour que le secteur de l’é ducation
soit exclu des accords internationaux sur le commerce des services (AGCS). Les représentants de
plusieurs organisations syndicales n’ont pas caché leurs inquiétudes. Le secteur privé a accru sa
présence dans l’enseignement supérieur. Dans plusieurs pays, les gouvernements ont augmenté de
manière significative la part du financement privé et imposé des droits de scolarité plus élevés.
Les organisations syndicales de l’Internationale de l’éducation ont donc convenu de travailler plus
étroitement avec les associations étudiantes. Au Québec, mentionnons que nous n’a vons pas attendu
ce mot d’ordre pour mettre en œuvre des actions communes !
Plusieurs délégués à la rencontre ont dit aussi constater une forte tendance des universités à
précariser le travail des enseignantes et des enseignants. À ce propos, l’Association canadienne
des professeurs d’université (ACPU) a soumis au congrès une proposition pour améliorer les
conditions de travail précaire du personnel enseignant universitaire. La FNEEQ, qui a participé à
la rédaction de cette proposition, en raison de son expérience syndicale avec les chargées et
chargés de cours depuis 30 ans, a donné son appui à cette proposition.
Une intervention d’un représentant de l’American Federation of Teachers (AFT) nous a fait
cependant prendre conscience de tout le travail qu’il reste à faire pour obtenir la reconnaissace
des chargées et chargés de cours dans le milieu syndical de l’enseignement supérieur. Sous
prétexte que leur contribution nuirait à la qualité de l’enseignement supérieur et menacerait les
libertés académiques reconnues des professeurs de carrière, l’American Federation of Teachers prône
leur disparition ! De telles inquiétudes sont courantes aux États-Unis et se propagent maintenant
en Europe. Beaucoup d’efforts restent donc nécessaires pour éliminer de telles inquiétudes et faire
connaître davantage le travail des chargées et chargés de cours. Nous devrons faire valoir notre
expérience québécoise à ce chapitre auprès de l’IE !
Marie Blais, vice-présidente de la FNEEQ
Laval Rioux, chargé de cours à l’Université de Montréal
AGCS : L’exclusion de l’éducation
«
L’intervention d’Alassane Biteye, de la Fédération indépendante démocratique et unitaire de l’é
ducation et de la formation (FIDUEF-Sénégal) m’a particulièrement interpellée. Il a en effet
dénoncé le fait que ce sont des organismes canadiens qui, dans le cadre d’accords de coopération,
définissent de plus en plus les contenus des programmes scolaires au Sénégal, ignorant totalement
les spécificités du pays, entre autres, les langues nationales et l’enseignement religieux. Il s’a
git là d’un des nombreux effets pervers de la marchandisation de l’éducation : on assiste a l’é
mergence d’un curriculum standard homogène à l’échelle de la planète.
Lilia Selhi, enseignante au cégep du Vieux Montréal
Intervention de Ronald Cameron, président de la FNEEQ, au congrès de l’IÉ :
Sur le syndicalisme enseignant, la lutte contre la privatisation des services publics et la
solidarité avec le personnel enseignant palestinien et d’Oaxaca
« Un aspect important
de l’approche de l’Internationale de l’Éducation (IÉ) et du rapport du secrétaire général, c’est l’i
dée que les enseignantes et les enseignants ne constituent pas une catégorie distincte des autres
salariés dans une société. Nous appuyons donc avec grande ouverture l’appel à l’unité du secrétaire
général et de l’IÉ.
Toutefois, le rassemblement des organisations syndicales ne se décrète pas. C’est pourquoi,
nous saluons aussi l’idée d’alliance et de coalition partout dans toutes les régions pour unifier
le combat enseignant. (…)
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des droits syndicaux et humains
Plus de 200 ans après l’abolition officielle de l’esclavage, 100 ans après que les femmes aient
conquis le droit de vote, et 60 ans après la Déclaration universelle des droits de l’homme, des
millions d’enfants et d’adultes voient toujours leurs droits fondamentaux niés à l’école et dans la
société. Rendu public le 24 juillet, le rapport intitulé
Baromètre 2007 sur les droits humains et syndicaux préparé par
l’Internationale de l’Éducation fait une évaluation la plus complète à ce jour de la
qualité de l’éducation et du respect des droits humains et syndicaux dans tous les pays reconnus
par les Nations Unies.