par Louis Hallé (Cégep Lévis-Lauzon)

Google, mardi 5 septembre 2007. En 0,13 seconde, le fureteur Google me sort 61 300 000 entrées quand je tape le mot «Palestine». Puis 292 000 000 pour le mot «Israël». En comparaison, la France obtient 868 000 000 entrées et les États-Unis (United States) 688 000 000 et le tout petit territoire de Gaza, 29 100 000.

Comment une si petite région du monde qui, en superficie comme en population, ne représente même pas le centième de la surface de la France ou le centième de la population des États-Unis, comment se fait-il que cette région soit si documentée?

Qu’y a-t-il, que s’y passe-t-il de si important que toute la planète en parle, qu’il semble que notre «sécurité» fasse ce détour par le Moyen-Orient? Pourquoi le 29 novembre est-il consacré Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien par l’ONU?

Et pour une citoyenne ou un citoyen «ordinaire», que signifie le mot «Palestine», «Israël», «Moyen-Orient»? Probablement que tous ces termes finissent par être synonyme de «guerre», «terrorisme», «mort». Pourtant, cette personne citoyenne, c’est bien elle que des milliers d’ONG réparties sur toute la planète tentent de sensibiliser à la situation palestinienne. Et ce 29 novembre, au Québec, des dizaines d’organisations tenteront de marquer la journée par une multitude d’activités : manifestations, colloques, journées d’étude, présentation de documents, assemblées diverses.

Voilà bientôt 40 ans, voire 60 ans, que le conflit perdure. Il ne se passe pas une journée sans que, quelque part dans le monde, une dénonciation soit faite de la situation. Pouvons-nous penser que ces actions ont donné quelques résultats ? Certainement dans une certaine couche de la population. Il est certain que l’ensemble de ces organismes, de ces individus et des organisations dont ils sont membres, comme les syndicats, sont plus au fait de la question palestinienne, plus critiques devant l’information ou de la non information que les médias véhiculent. Certainement que le fait d’alerter constamment l’opinion publique a contribué à mettre de la pression sur l’état hébreu. Mais pour les Palestiniens, de Cisjordanie ou de Gaza, les choses se sont-elles améliorées? Probablement que la situation est pire qu’elle ne l’a jamais été!

Lors du Forum social québécois, j’ai assisté à un atelier sur le Moyen-Orient. Son titre parlait de lui-même: «Le Moyen-Orient au bord du gouffre?». J’ai écouté attentivement les différents intervenants dont Refaat Sabbah, un enseignant palestinien, animateur du groupe Teacher Creativity Center (TCC). Je l’avais rencontré à Ramallah en 2004. J’ai vu un homme fatigué. J’ai entendu les appels de chaque panéliste. J’ai hoché de la tête lorsqu’on nous a raconté les atrocités, les détentions, les violations des libertés les plus fondamentales. Mais je n’ai pas trouvé quelque chose qui m’aurait donné de l’espoir. Bien sûr qu’il faut continuer de dénoncer la situation sur toutes les tribunes possibles ; bien sûr qu’il faut continuer de manifester; de répondre aux mensonges éhontés que les médias nous présentent. Mais là, à ce panel du FSQ, nous étions entre nous, entre personnes militantes convaincues. Cela n’enlève rien à la qualité des propos qui s’y sont tenus. Mais le cercle doit s’élargir!

Nos concitoyennes et nos concitoyens, de quelque milieu soient-ils, n’accepteraient jamais un mur comme celui que l’État israélien a construit. Pas plus ici que là-bas. Ils n’accepteraient pas non plus que l’on humilie délibérément une population pour la forcer à laisser son territoire. Ils n’accepteraient pas plus que l’on enlève à une famille ou à un village sa seule source de revenus, comme une plantation d’oliviers. Ils n’accepteraient pas que 530 colons israéliens d’Hébron fassent la loi pour les 130 000 palestiniens (Recensement 1997). De fait, la plupart des personnes normales seraient tout simplement révoltées s’ils pouvaient «voir», «entendre», et de ce fait, comprendre.

C’est pourquoi, tout en supportant toutes les actions visant à informer la population, tout en continuant à s’opposer au génocide¹ par tous les moyens, il nous faut trouver autre chose. Il nous faut poser un geste que la désinformation ne pourra atteindre.

Se pourrait-il, qu’après Porto Allegre, Moumbaï, Caracas, Nairobi, se pourrait-il que, nous, pacifistes, nous nous retrouvions à Ramallah?

Louis Hallé, rêveur,
Membre du Comité action internationale


  1. Selon Ilan Pappé, historien israélien de l’université d’Haïfa, c’est effectivement à un génocide que nous assistons.