Bonjour à toutes et à tous,

Les événements se sont précipités au cours des derniers jours dans la bataille contre la hausse des droits de scolarité et nous croyons utile, à ce moment-ci, de faire le point avec vous sur la situation.

Comme vous le savez, la ministre a tenté, la semaine dernière, de forcer le jeu en demandant aux directions de collège et d’université de s’assurer que les cours puissent se donner dans leur établissement. De son côté, la Fédération des cégeps, tout en affirmant ne pas vouloir se prononcer sur le fond, lançait, vendredi, un appel à cesser la grève compte tenu des pressions importantes sur le calendrier et de l’impasse dans laquelle se trouve le conflit. Pour compléter le tableau, les demandes d’injonction se sont multipliées récemment.

Indiquons immédiatement que, pour nous, l’attitude du gouvernement dans le conflit est absolument inqualifiable. L’enjeu soulevé par la hausse des droits de scolarité est majeur. L’ampleur du mouvement étudiant et du support populaire dont il jouit montre clairement une absence de consensus social sur cette question ; cela devrait conduire le gouvernement à revoir l’ensemble du dossier et non à faire montre d’une fermeture à toute forme de débat sur le fond. Le refus d’un dialogue social n’est pas digne d’un gouvernement démocratique et ce refus est directement responsable de la situation actuelle. Volontairement, voire cyniquement, on a laissé pourrir le conflit en espérant que le mouvement étudiant s’essouffle. Nous aurions plutôt souhaité que le gouvernement assume ses responsabilités et tente de gérer sainement le dossier. Il y a, dans tout cela, un mépris certain pour le mouvement étudiant et pour la représentativité des associations étudiantes, ce qui va d’ailleurs à l’encontre de la Loi sur l’accréditation et le financement des associations d’élèves ou d’étudiants.

Cette dernière question, pour nous, est centrale. Certaines directions de collège et d’université prennent des initiatives qui constituent, dans les faits, un manque de respect très grave envers le processus démocratique du mouvement étudiant, et auxquelles nous nous opposons fermement. Annoncer l’ouverture d’un établissement et forcer les enseignantes et les enseignants à se présenter en classe et à donner leur cours même s’il n’y a qu’un étudiant, c’est placer des individus en situation impossible et les coincer entre le respect de leur convention collective et celui de la légitimité des décisions des associations étudiantes. Dans les universités, c’est également faire fi de la liberté d’enseignement inscrite dans les conventions collectives. En outre, le Code civil et la Loi sur la santé et la sécurité du travail stipulent que les employeurs doivent prendre les mesures nécessaires pour protéger la santé, assurer la sécurité et l’intégrité des travailleuses et des travailleurs, ce qui comprend la santé psychologique. Or ce n’est certes pas le cas si le tout se déroule dans un climat de tension, de confrontation ou de violence.

En tout état de cause, la FNEEQ entend soutenir, cette semaine, les associations étudiantes qui s’opposeront, par des piquets de grève, conformément à leur mandat d’assemblée, à une reprise des cours. Les renseignements pertinents vous seront transmis au fur et à mesure au bénéfice de vos membres qui voudraient participer à de telles actions de soutien. Concernant les injonctions de toutes sortes, nous vous informons que la FNEEQ et la CSN ont offert du soutien juridique aux organisations étudiantes. À ce propos, nous demandons aux comités exécutifs d’exiger de vos établissements qu’ils vous informent dès qu’une demande d’injonction est faite ; nous pensons qu’il est nécessaire que nous puissions intervenir.

Finalement, il est clair, dorénavant, que des questions lourdes vont se poser à certains endroits concernant la reprise des cours. Les syndicats du regroupement université ont convenu de rappeler à leurs membres que les discussions relatives à cette reprise devaient se faire dans un cadre général convenu préalablement entre le syndicat et l’université. Le regroupement cégep, pour sa part, a recommandé à ses syndicats d’attendre le retour en classe des étudiantes et des étudiants avant d’entamer des négociations sur les modifications au calendrier scolaire de leur institution; les délégués des syndicats ont affirmé leur intention de faire le maximum pour préserver la qualité de la formation, mais dans le respect de leur contrat de travail. En clair, cela signifie que, si des ententes locales sont possibles sur des aménagements qui respectent la convention, nous sommes prêts à en convenir. Toutefois, pour nous, il ne saurait être question que les enseignantes et les enseignants assument les conséquences d’une situation que le gouvernement a laissé consciemment s’envenimer. Si des coûts sont associés aux suites de la grève étudiante, le gouvernement devra les assumer.

Depuis le début du conflit, la FNEEQ, à l’instar de la CSN, a soutenu le mouvement étudiant de multiples manières: sur les plans financier et logistique, par plusieurs publications, par des prises de position publiques, par de nombreux appels à la mobilisation. Elle l’a fait parce que, clairement, pour les membres de ses syndicats, contrer la hausse des droits est un enjeu capital qui s’inscrit dans la vision d’une société plus juste, dans laquelle tout le monde aurait sa place. Cet appui sans réserve au mouvement étudiant s’est fait dans le respect de l’autonomie de ce dernier et nous comptons poursuivre jusqu’au bout dans cette direction.

 

Salutations syndicales,

Le comité exécutif de la FNEEQ

Jean Trudelle
Président

Caroline Sennville
Secrétaire générale

Marie Blais
Vice-présidente

Micheline Thibodeau
Vice-présidente