Réunies en grand nombre en assemblée générale mercredi après-midi, les personnes chargées de cours de l’Université Laval se sont dotées d’un mandat de dix jours de grève à déclencher au moment jugé opportun, dans une proportion de 93 %. « La participation historique à l’assemblée et le résultat sans équivoque du vote soulignent à grand trait la colère et la détermination des membres face à une négociation qui s’étire et des offres patronales insatisfaisantes, constate Louis Emond, président du Syndicat des chargées et chargés de cours de l’Université Laval (SCCCUL–CSN).

Sans contrat de travail depuis décembre dernier, les personnes chargées de cours mènent une lutte pour diminuer leur précarité et protéger leur pouvoir d’achat. En effet, l’Université veut cesser d’attribuer l’ensemble des tâches liées à l’enseignement en fonction de l’ancienneté et de la compétence. En matière de conditions salariales, l’Université offre moins que ce qui a été offert aux travailleuses et les travailleurs du secteur public, pourtant jugé insultant.

« Ce que la direction nous propose, c’est un appauvrissement garanti pour les cinq prochaines années. »
Louis Emond
President, Syndicat des chargées et chargés de cours de l’Université Laval (SCCCUL–CSN)

Les chargées et chargés de cours indispensables

L’Université Laval dépend du travail des personnes chargées de cours – qui donnent plus de la moitié de l’enseignement de premier cycle – pour financer ses activités. Pourtant, la masse salariale de ces travailleuses et travailleurs au statut précaire ne représente que 7 % des revenus issus des droits de scolarité et du financement gouvernemental au fonctionnement de l’université.

« Ce que la direction nous propose, c’est un appauvrissement garanti pour les cinq prochaines années. D’un côté, on nous rappelle à quel point notre travail est indispensable à la mission de l’Université ; de l’autre, on veut pérenniser notre précarité. Si notre fonction est permanente, nos membres, eux, sont considérés comme surnuméraires. Cette offre est méprisante pour les personnes chargées de cours. On veut notre juste part », s’indigne Louis Emond.

« La lutte des personnes chargées de cours de l’Université Laval trouve écho auprès de tous les syndicats de chargé-es de cours des universités québécoises affiliés à la FNEEQ–CSN et engagés dans la négociation coordonnée. Parce que les gains ou les reculs liés à cette négociation peuvent avoir des impacts ailleurs au Québec, notre Fédération s’engage à mettre tous les efforts nécessaires pour soutenir le SCCCUL–CSN dans l’obtention d’un bon règlement », assure Christine Gauthier, vice-présidente de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ–CSN), responsable du regroupement université. La Fédération représente douze syndicats universitaires au Québec et près de 11 000 personnes chargées de cours.

« On sait à quel point l’Université Laval est au cœur de la vitalité de notre région. Grâce à la qualité du savoir transmis par les personnes chargées de cours, l’Université contribue à attirer la population étudiante chez nous. Il faut protéger cet acquis », rappelle Barbara Poirier, présidente du Conseil central de Québec–Chaudière-Appalaches (CCQCA–CSN).

Pour comprendre les demandes du SCCCUL–CSN