Une profession engagée !

Le 27e congrès de la FNEEQ s’est tenu les 30, 31 mai et 1er, 2 juin 2006 sous le thème d’une profession engagée pour plusieurs raisons. D’abord, nous voulions indiquer, dans le contexte actuel, que notre action est centrée sur la condition enseignante. Pour rendre pleinement justice à la fonction enseignante dans notre société, nous avons choisi de parler de profession enseignante, de remettre le caractère professionnel du travail enseignant au coeur du thème du congrès. En effet, dans tous les secteurs de la fédération, l’identité enseignante se définit comme professionnelle.

Mais nommer ainsi ce qui nous unit ne demeure qu’un constat et ne dit rien sur le sens de la profession. C’est ainsi que, tout naturellement, le mot engagée est venu coiffer le thème du congrès : la profession enseignante est une profession engagée ! Cette idée de l’engagement prend pour nous un double sens : d’une part, elle tient d’abord à la fonction elle-même et, d’autre part, elle trouve un sens particulier dans la conjoncture.

Être une enseignante ou un enseignant aujourd’hui constitue toujours un engagement. Bien des détracteurs du travail enseignant réduisent ce dernier à un acte technique. Or, c’est une action traversée complètement par des qualités humaines, par sa nature de rapport social si essentiel pour l’épanouissement des jeunes et, plus généralement, pour l’accomplissement des objectifs poursuivis par celles et ceux qui apprennent. Dans ses fondements mêmes, la fonction enseignante constitue un parti pris, fait du soutien à des êtres humains en quête d’une amélioration de leur sort. De plus, toute organisation de l’enseignement dans un établissement implique une mobilisation des enseignantes et des enseignants à différents niveaux. Certes, selon les milieux, cette organisation du travail peut être plus ou moins démocratique, mais les directions d’établissement comptent toujours sur l’engagement enseignant comme un élément clé dans l’atteinte des objectifs éducatifs.

Mais il y a plus dans l’intention du thème ! Car le mot engagement a un sens particulier dans le contexte actuel. Notre thème est aussi un appel aux enseignantes et aux enseignants à s’engager plus loin, au-delà des frontières de leur institution et de leur profession, dans ce « deuxième front » dont parlait Marcel Pepin en référence à l’engagement social. Cet appel concerne l’ensemble des enseignantes et des enseignants organisés au sein des syndicats de la FNEEQ. Impossible en effet de ne pas relever dans le monde de l’éducation, que ce soit au primaire et au secondaire ou dans les établissements postsecondaires, ce glissement vers une vision plus utilitaire de l’é ducation et vers une mission centrée sur la performance. Il s’agit d’une véritable dérive vers un système plus individualiste et plus compétitif, en convergence avec des politiques qui visent à soulager l’État de ses responsabilités.

Voilà pourquoi nous ne pouvions situer différemment le thème du congrès de la FNEEQ, c’est-à-dire dans sa dimension d’engagement politique, au-delà des frontières de la profession enseignante. Voilà pourquoi nous avons souhaité un thème qui lie la profession enseignante à une fonction sociale qui a toujours été dans l’histoire un facteur de progrès. Voilà pourquoi il est si essentiel que la fonction enseignante déborde le terrain institutionnel et rayonne à différents niveaux de la scène publique. Notre constat est simple : un changement basé sur des valeurs de solidarité sociale et sur le bien commun est nécessaire au Québec. L’appel à l’engagement que nous voulons lancer avec le présent congrès se veut éminemment politique dans son projet, mais aussi dans ses moyens. Cet engagement, pour qu’il soit au bénéfice des conditions de travail dans l’enseignement, exige d’agir sur un rapport de force social et d’amener les gouvernements à souscrire à des politiques plus centrées sur des préoccupations et des besoins sociaux.

Nous présentons ici l’ensemble des documents présentés au congrès qui ont soutenu les délibérations des délégué-es.