Le 21 novembre 2007, une déclaration signée par plus de 250 personnes a été rendue publique dans une conférence de presse qui réunssait quelques unes des personnes signataires. La FNEEQ a accepté, par la signature de son président , Ronald Cameron, d’être associée à cette initiative qui regroupe des personnes de différents horizons politiques et organisationnels. Nous invitons non seulement à prendre connaissance de la déclaration, à la faire connaître mais aussi à signer la pétition en clliquant sur le lien ici. Nous reproduisons le communiqué de presse publié pour l’occasion.
Devant « l’incantation » à la privatisation de la santé
Des dizaines de personnalités appellent à se mobiliser pour la défense d’un système public, accessible et de qualité
Des dizaines de personnalités en provenance des mondes universitaire, médical, politique, syndical, communautaire et artistique ont signé une Déclaration mettant en garde contre les méfaits de la privatisation en santé et mettant de l’avant des solutions publiques constructives pour améliorer l’accessibilité des services de santé et des services sociaux. La Déclaration s’intitule : « La privatisation : une illusoire incantation – Faire de la santé et du bien-être de la population un objectif politique solidaire ». Elle a été rendue publique en conférence de presse le 21 novembre. Elle s’inscrit dans le cadre d’une démarche non partisane et dans le contexte des travaux du Groupe Castonguay sur le financement du système de santé et d’autres événements dont le Davos de la santé à Saint-Sauveur et le Sommet du Collège des médecins.
La Déclaration d’une dizaine de pages s’ouvre sur le constat suivant : « Les appels à la privatisation accrue de notre système de santé se sont multipliés depuis une dizaine d’année au Québec. La porte ouverte par le jugement de la Cour suprême dans l’affaire Chaoulli a donné à ces appels la forme d’ne incantation de plus en plus insistante. Ce discours propose un privé mythique, parfait, efficace, sans faille…. quasi désintéressé ! … et qui serait la solution miracle à des problèmes complexes qui relèvent pourtant essentiellement d’une gestion publique et de choix politiques » .
Les signataires de cette déclaration affirment qu’au contraire. les faits démontrent que l’incantation à la privatisation et le choix de cette voie constituent un recul, une sorte de « marche avant vers le passé » qui nous conduit dans un cul-de-sac dont nous aurons peine à nous extirper. « D’où cet appel à nos concitoyennes et concitoyens pour une résistance raisonnée à la privatisation du système de santé. Il s’agit d’un appel en faveur de solutions publiques mettant la solidarité au service de la santé et du bien-être de la population du Québec. Car avant d’être économique, la privatisation a d’abord une dimension politique et culturelle : elle s’attaque à des valeurs d’égalité, de justice, de solidarité que les sociétés ont mis un temps précieux à intégrer dans leurs institutions et dont elles tirent leur inspiration pour la mise en place de politiques et de programmes sociaux universels », lit-on dans La Déclaration.
La Déclaration fait état de nombreuses études qui démontrent que les coûts sont plus élevés et moins contrôlés dans le secteur privé :
- les systèmes publics sont moins coûteux pour les individus et les collectivités que les systèmes privés;
- les systèmes publics dispensent une qualité de soins supérieure au système privé en termes de mortalité, de complications et d’accessibilité;
- les coûts de la santé sont davantage contrôlés quand la part du secteur privé y est moins importante; aucune étude revue par des pairs n’a démontré que les hôpitaux privés sont moins coûteux;
- le ticket modérateur ne contribue nullement à renflouer les caisses de l’État; au contraire, il augmente les coûts du système et nuit à l’accessibilité des soins, en particulier pour les citoyennes et les citoyens les plus démunis et les plus vulnérables;
- la pratique médicale en clinique à but lucratif est davantage orientée vers le profit surtout quand les médecins en sont actionnaires, ce qui entraîne une augmentation globale des coûts;
- les laboratoires privés sont des entreprises visant avant tout le profit; ils ne s’intéressent qu’aux analyses rapides et peu coûteuses laissant au secteur public la charge des analyses complexes et très coûteuses;
- les médicaments constituent la part la plus croissante des coûts de la santé; or, l’industrie pharmaceutique totalement privée exerce un contrôle presque total sur la recherche, la mise en marché et les prix des médicaments au Canada… et influence très efficacement le comportement des médecins en matière de prescriptions;
- de nombreuses études mettent en lumière les coûts élevés et les failles importantes des partenariats public-privé dans le domaine de la santé;
- quant aux assurances privées, ce sont de grandes productrices d’exclusion, d’augmentation des coûts globaux et de perte d’autonomie professionnelle.
La Déclaration met de l’avant que la privatisation
- ne réduit pas les listes d’attente,
- incite les médecins à se désengager du système public,
- entraîne une relégation au second rang des problèmes sociaux,
- n’assure aucune garantie du droit à la santé pour tous et toutes,
- fait basculer la gestion démocratique assurée par l’État redevable devant les citoyennes et les citoyens vers le secteur privé redevable à son actionnariat.
Propositions concrètes
Les signataires de La Déclaration veulent que le Québec devienne, en Amérique du Nord, une société qui fait de la santé et du bien-être de sa population un objectif politique solidaire et non pas un objet de convoitise et de profit pour l’industrie privée. Ils ont le goût de créer une société dont les membres sont en sécurité face à l’imprévisibilité de la maladie. Depuis la mise en place de l’assurance-hospitalisation et de l’assurance-maladie dans la foulée de la Révolution tranquille, et malgré les lacunes de ces régimes, des milliers de Québécois et Québécoises ont bénéficié de cette sécurité et évité l’endettement ou les assurances privées aux coûts exorbitants.
Ils proposent:
- de respecter le droit à la santé de chaque citoyen et citoyenne peu importe la hauteur de ses revenus : c’est ce principe fondamental que la privatisation vient saborder. L’État – et non les compagnies d’assurances – doit donc s’en faire le garant;
- de maintenir et de développer un système public accessible et de qualité en y augmentant le financement public et en puisant dans les ressources et le savoir-faire déjà existant au sein du système;
- d’ouvrir des avenues porteuses d’avenir : réviser le panier de services et y introduire ce qui avait été privatisé (en partie ou totalement) – les soins dentaires, oculaires, les examens diagnostics, la gratuité des médicaments pour les personnes à faible revenu – la couverture publique de ces soins fera diminuer l’ensemble des coûts du système ; renouveler les pratiques médicales et oser remettre en question des manières de faire, des techniques, des approches abusivement qualifiées de scientifiques mais qui peuvent être soit inutiles, soit dangereuses; valoriser le caractère éminemment relationnel des soins de santé et des services sociaux : parler avec les usagers des services est aussi important que l’utilisation de médicaments ou de techniques; investir massivement dans la première ligne et les soins à domicile, dans des structures « à taille humaine »; faire en sorte que les usagers et usagères du système et les travailleurs et travailleuses participent activement non seulement à la prestation des services mais à leur orientation, planification et gestion. Ils en sont les meilleurs experts;
- de freiner l’augmentation des dépenses en médicaments – principal facteur de la croissance des coûts en santé- par l’instauration d’un système public d’asssurance-médicaments, seul capable de contenir les coûts, de négocier efficacement avec les compagnies pharmaceutiques, d’assurer l’évaluation objective des médicaments et d’en éviter la surconsommation abusive et inutilement coûteuse;
- d’agir sur les déterminants principaux de la santé et du bien-être : comme nous y invitait l’OMS déjà il y a dix ans. Les conditions préalables à l’instauration de la santé sont la paix, le logement, l’éducation, la sécurité sociale, les relations sociales, l’alimentation, le revenu, l’émancipation des femmes, un écosystème stable, une utilisation judicieuse des ressources, la justice sociale, le respect des droits de l’Homme et l’équité. La plus grave menace à la santé est la pauvreté.
Un vrai débat public
Les signataires demandent dans les meilleurs délais un vrai débat public sur le financement du système de santé et de services sociaux. Pour eux, le temps est venu d’un débat public qui mette toutes les positions, y compris la leur, à l’épreuve des faits. Ils croient que ni le Groupe Castonguay, ni les habituelles commissions consultatives ne répondent à ce besoin de délibération publique. Une formule qui s’apparente à celle du BAPE permettrait davantage à la population québécoise de se faire une opinion éclairée et de prendre une orientation aux répercussions énormes sur le présent et sur les générations futures. Sans discussion publique, la société québécoise demeurera prisonnière de l’incantation à la privatisation.
Pour prendre connaissance du document complet de Santé sans profit.
Pour signer la déclaration de Santé sans profit.