Mettre l’éducation au rang des priorités nationales

La campagne électorale battait son plein, soit. Et les Alouettes allaient disputer la Coupe Grey. Mais cette sortie ignorée du Manifeste illustre tout de même crûment le manque d’intérêt des médias et, peut-être en conséquence, de la population elle-même quant à l’avenir de notre système scolaire. Des sondages ont d’ailleurs déjà montré que l’éducation figure assez loin dans la liste de priorités des québécoises et des québécois.

Les sources d’inquiétudes, pourtant, ne manquent pas. En matière d’alphabétisation, le Québec est bon dernier au Canada. Les taux de décrochage sont effarants au niveau de l’enseignement secondaire, les problèmes d’intégration d’élèves avec des besoins particuliers se multiplient et il y a d’immenses besoins en formation des adultes.

Pour qu’on s’intéresse à l’éducation, il semble qu’un scandale doive survenir, rallumant pour quelque temps une polémique sur l’école privée ou sur les cours de culture religieuse. Ou alors un bon coup de théâtre, dans lesquels sont passés maîtres les tenants d’une approche économiste de l’éducation. Dressés sur leurs colonnes de chiffres, ils jouissent alors de la tribune médiatique, proposant sans avoir consulté les principaux intéressés – enseignantes et enseignants – des plans d’action clés en main, dont (oh surprise) la réussite repose en bonne partie sur un apport de fonds privés.

Le temps presse
Tout, pourtant, devrait pousser la société québécoise à placer l’éducation au centre de ses préoccupations. Le monde du travail a changé et l’éducation supérieure n’est plus un luxe mais une nécessité. Plus apparentes dans le secteur de la santé, les mutations sociales commandent des actions qui ne doivent pas être remises à plus tard, quand il sera trop tard. Pour ne citer que cet exemple, un phénomène comme la marginalisation sociale des exclus du système scolaire ne peut plus être ignoré.

Comment expliquer l’apparente apathie ambiante face à l’avenir du système éducatif? Est-elle imputable à l’incapacité des gouvernements à concevoir pour l’éducation des projets capables de susciter l’adhésion, voire l’enthousiasme, des principales et principaux intervenants du milieu, ainsi que des parents? La question se pose.

Qu’on prenne les choses par le biais pédagogique ou administratif, le résultat est le même. Au primaire et au secondaire, la réforme a laissé derrière elle scepticisme et critiques chez une armée d’enseignantes et d’enseignants découragés et épuisés. Aux niveaux collégial et universitaire, les projets actuels de gouvernance en enseignement supérieur irritent les acteurs du milieu dont le mode de fonctionnement démocratique est bafoué. On n’y voit qu’une volonté accrue de contrôle, ce qui dans les faits n’améliore en rien les choses: comme la FNEEQ l’a écrit dans le mémoire présenté à la commission parlementaire, ce n’est pas parce qu’on pèse un poulet à tous les jours qu’il engraisse!

Comment blâmer le grand public de ne pas croire aux apparents efforts gouvernementaux? La situation actuelle appelle à un effort collectif d’envergure, que nos dirigeants s’avèrent bien incapables de susciter.

Le forum social québécois nous attend
Les organisations syndicales signataires du Manifeste n’ont pas baissé les bras. Elles ont misé sur le deuxième forum social québécois (FSQ) qui se déroulera du 9 au 12 octobre prochain à Montréal, pour une première diffusion publique de ce texte, qui reprend et explicite les positions consensuelles des organisations.

Cette année, le FSQ abordera comme thématique principale la crise du capitalisme que nous vivons. Si l’éducation est rarement reliée de façon directe à l’effondrement de la finance internationale et aux atteintes portées à l’environnement, il n’en reste pas moins que l’approche utilitaire de l’école, gérée comme une entreprise privée en fonction de l’intérêt du patronat, devient un facteur de consolidation de ce système qui a échoué. Repenser l’enseignement en fonction des intérêts collectifs est désormais une condition essentielle pour changer le monde.

À ce titre, les membres de toutes ces organisations sont chaleureusement invités à venir assister au FSQ 2009, où cinq ateliers directement inspirés du Manifeste seront offerts aux membres et au grand public. Quatre d’entre eux porteront sur des sujets bien spécifiques: l’intrusion du privé en éducation, la condition financière étudiante, la lutte au décrochage et les défis de l’éducation aux adultes. Le cinquième sera l’occasion d’un débat large sur la problématique évoquée plus haut: comment faire pour remettre l’éducation au rang des priorités nationales?

Il s’agit d’un débat d’importance où l’apport de chacune et de chacun peut être utile. Plusieurs représentants politiques des organisations signataires y seront, pour rencontrer et échanger avec les militantes et militants, ainsi qu’avec les participantes et participants au FSQ.

Si vous avez déjà vécu l’expérience d’un forum social, vous savez le fourmillement d’idées et d’informations qui y circulent, vous connaissez l’ambiance particulière de ces «happening» progressistes. Si vous n’avez jamais eu l’occasion d’y participer, les ateliers sur le Manifeste constituent une raison supplémentaire de le faire.

On peut se renseigner sur le forum à www.fsq2009.org .

À bientôt !