La Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ-CSN) déplore la récente campagne de l’Ordre professionnel des inhalothérapeutes du Québec (OPIQ), qui veut déqualifier le diplôme d’études collégiales par l’instauration d’un baccalauréat comme condition d’entrée dans la profession sous prétexte que la situation actuelle mettrait les patients en danger. Pour la FNEEQ, la position de l’OPIQ est indéfendable et ne repose sur aucun argument sérieux.

Le mémoire, signé conjointement avec le Collège des médecins du Québec, ne présente par exemple aucune statistique témoignant de problèmes survenus réellement qui auraient porté préjudice aux patients. Il évoque également des lacunes dans la formation quant au jugement clinique sans pourtant en faire la démonstration concrète et sans explorer sérieusement les nombreuses possibilités qu’offre la formation collégiale en la matière. L’OPIQ oublie commodément que le développement du jugement et du sens critique fait partie intégrante du cursus de tous les programmes offerts dans les cégeps. « Si de réels problèmes de posent, ne devrions-nous pas plutôt réviser le programme et réfléchir à des solutions novatrices pour adapter les compétences ou les éléments de formation selon les besoins s’il y a lieu ? » souligne Yves de Repentigny, vice-président responsable du regroupement cégep de la FNEEQ-CSN.

Un autre argument soutenu par l’Ordre repose sur l’idée que la formation universitaire permettrait de mieux intervenir au sein d’équipes multidisciplinaires. Encore une fois, il faut rappeler que les équipes multidisciplinaires en santé comportent de nombreux intervenants dont la formation initiale est le DEC et que le programme d’inhalothérapie prévoit des stages qui ont pour fonction, notamment, de se familiariser avec le milieu du travail. De plus, il faut rappeler qu’il y a, pour tout emploi, une période d’initiation au moment de l’entrée en fonction. « Cela n’a rien à voir avec des apprentissages initiaux insuffisants. Il en va de la responsabilité de l’employeur d’accueillir convenablement les nouveaux employé.es, mais aussi de proposer du perfectionnement au fil du temps pour répondre aux changements qui peuvent survenir dans la profession », explique Yves de Repentigny.

Un accès plus difficile à la formation

Alors que le besoin en inhalothérapeutes est criant — davantage encore en temps de pandémie —, que leur présence auprès de patient.es ayant de plus en plus de comorbidités sauve des vies et que le taux de placement dépasse les 90 %, le fait de rendre le baccalauréat obligatoire aurait pour effet de retarder considérablement l’entrée dans la profession et aurait un impact non négligeable sur les inscriptions en inhalothérapie.

« En prolongeant la formation, et en en rendant l’accès financier et régional plus difficile, en quoi disposerons-nous davantage de personnel adéquat pour traiter les cas de plus en plus nombreux de maladies chroniques ? », questionne enfin Yves de Repentigny.

Rappelons que les études collégiales sont gratuites et favorisent la venue d’une plus grande diversité de candidats qui peuvent plus facilement suivre leur formation en région. Les formations techniques sont privilégiées par plusieurs étudiantes et étudiants, car elles donnent accès directement au marché du travail en limitant l’endettement personnel. Leur coût est ainsi avantageux pour la population étudiante et pour toute la société québécoise. Le métier d’inhalothérapeute est pratiqué en grande majorité par des femmes, qui constituent également la plus grande partie des effectifs étudiants et enseignants dans ce domaine au collégial.