IA_recommandations
« C’est un cri d’alarme que nous lançons aux politiciens de tous les ordres de gouvernement parce que l’IA est déjà implantée dans nos collèges et nos universités et fragilise déjà la relation pédagogique avec les étudiantes et les étudiants. »
Caroline Quesnel
Présidente de la FNEEQ–CSN

La FNEEQ–CSN, l’organisation syndicale la plus représentative de l’enseignement supérieur au Québec, revendique d’urgence un moratoire sur le développement des systèmes d’intelligence artificielle (SIA) afin de permettre un encadrement international, national et local. « En cette fin d’année scolaire, c’est un cri d’alarme que nous lançons aux politiciens de tous les ordres de gouvernement parce que l’IA est déjà implantée dans nos collèges et nos universités et fragilise déjà la relation pédagogique avec les étudiantes et les étudiants. On ne peut se mettre la tête dans le sable », avertit Caroline Quesnel, présidente de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ–CSN). À ce titre, le gouvernement du Québec devrait tenir rapidement un véritable forum national sur l’IA, indépendant des intérêts commerciaux des développeurs.  

 

Les membres de la Fédération signalent plusieurs cas de plagiat présumé, par exemple des travaux rédigés par des robots conversationnels. Or, en raison de la lourdeur des politiques contre la tricherie en vigueur dans les établissements, il est laborieux et long avant de pouvoir sévir. C’est sans compter l’efficacité limitée des outils et logiciels de détection disponibles, toujours un pas derrière dans la course aux innovations technologiques.

Plusieurs aspects du développement effréné de l’IA en enseignement doivent alarmer le gouvernement du Québec, à commencer par l’absence de contrôle des développeurs, les GAFAM, totalement non redevables.

Aucun mécanisme de protection des renseignements personnels ou des droits d’auteur n’est appliqué et la discrimination faite par les algorithmes, bien réelle, pose des enjeux éthiques. Surtout, puisque les établissements d’enseignement se retrouvent plus que jamais en compétition pour la performance – parce que leur financement et leur réputation en dépendent –, l’intelligence artificielle favorise les raccourcis dans les apprentissages et la course au succès scolaire. Cela dénature la mission première des deux réseaux de l’éducation : transmettre le savoir d’humain à humain pour former des citoyennes et des citoyens libres et éclairés.

 

L’IA pour économiser

 

La FNEEQ–CSN s’inquiète de l’utilisation de l’IA à des fins d’économie budgétaire ou pour pallier le sous-financement des établissements et ainsi remplacer le travail humain dans un contexte de pénurie de personnel. « La pandémie aura permis aux directions d’investir massivement dans les technologies et l’enseignement à distance, hélas ! sans consulter. Nous devons empêcher que l’utilisation de l’intelligence artificielle soit encouragée et implantée encore une fois sans l’accord des syndicats et du personnel enseignant », tranche Caroline Quesnel. En effet, remplacer l’humain par l’IA dans un contexte pédagogique ou de relation d’aide serait à terme nocif pour toute la société.

Documents à consulter

Le comité école et société de la FNEEQ–CSN vient de produire un imposant rapport « De la mission à la démission sociale : replaçons l’humain au cœur de l’enseignement »

qui analyse le développement incontrôlé de l’IA ainsi que son impact sur l’éducation et l’enseignement supérieur. Ces travaux ont permis aux instances de la Fédération de se prononcer sur une dizaine de recommandations pour encadrer l’utilisation de l’intelligence artificielle.

 

En vidéo : témoignages de membres du personnel enseignant