Le Collège Montmorency, l’Association générale des étudiantes et étudiants du collège Montmorency (AGEM) et le Syndicat des enseignantes et des enseignants du cégep Montmorency (SEECM) ont reçu 110 nouvelles demandes d’injonction hier. Le juge en chef de la Cour supérieure, François Rolland, a intégré ces injonctions comme amendement à l’ordonnance de sauvegarde qu’il a rendue le vendredi 4 mai 2012 dans le cas des 24 premières requêtes déposées contre le Collège.

Le mandat d’appui
Tout au long de ces procédures, le SEECM a respecté le mandat voté en assemblée générale, celui d’appuyer l’AGEM qui a choisi, la semaine dernière, de faire une entente afin que les 24 requérants puissent avoir accès à leur cours.

Le Syndicat a accepté aussi de ne pas entraver le déroulement des cours concernés afin de respecter son engagement.

Hier (mercredi), le Collège, en accord avec l’AGEM, a consenti à aller de l’avant pour que les 110 étudiants qui ont déposé de nouvelles injonctions puissent suivre leurs cours, selon le jugement du 4 mai. Le Syndicat des enseignantes et enseignants se voit donc dans l’obligation de respecter son mandat, compte tenu de l’ordonnance initiale.

Les injonctions sont un piège
Cependant, nous tenons à dénoncer avec toute la véhémence possible le cul-de-sac dans lequel se trouvent les professeurs et l’impossibilité de résister de quelque façon que ce soit à cette vague d’injonctions, sous peine de nous retrouver dans l’illégalité et sous la menace de suites extrêmement coûteuses pour les enseignantes et les enseignants.

Si nous avons accepté de collaborer à cette entente, malgré les très fortes réserves que nous avions, c’est que nous croyions que la négociation de la semaine dernière entre le gouvernement et les fédérations étudiantes avaient suffisamment de chances d’aboutir à une véritable solution pour mettre fin au conflit.

Aujourd’hui, nous sommes bien conscients que cette collaboration a emprisonné les professeurs dans un carcan dont il est impossible de sortir sans entrer dans l’illégalité.

Nous dénonçons la judiciarisation de ce conflit, encouragé par un tribunal dont les décisions vont à l’encontre de votes démocratiques, pris par des associations reconnues parla loi.

Présence policière contraire à la relation pédagogique
Nous dénonçons le climat qui règne dans notre collège, où des policiers armés ont assisté aux assemblées générales des étudiants qui se déroulent pourtant dans le calme, alors que d’autres policiers envahissent les terrains du collège, à la recherche d’on ne sait trop qui, sans compter la multiplication des agents de sécurité partout dans le Collège.

Nous dénonçons le climat totalement inadéquat dans lequel doivent enseigner des professeurs qui sont bouleversés par ces conditions inadmissibles et qui vivent un stress incompatible avec la sérénité nécessaire à la relation pédagogique. Notre mission éducative est pervertie par une situation malsaine qui dégénère de plus en plus.

Appel aux instances politiques
Nous exigeons que ce conflit politique soit réglé par les instances politiques, en l’occurrence la ministre de l’Éducation et le premier ministre. Nous en appelons à leur sens de femme et d’homme d’État dont la responsabilité est d’assurer la cohésion et la paix dans la société.

Pris dans un piège juridique qui ne laisse aucune porte de sortie, nous allons prendre tous les moyens qui restent à notre disposition pour dénoncer cette situation intolérable, inacceptable et qui pervertit conséquemment notre mission.

Manifestation d’appui le 11 mai
Nous invitons tous les enseignantes et enseignants du Collège, de même que tous les citoyens et citoyennes, à faire une marche silencieuse autour du Collège vendredi matin, de 7h jusqu’à 10h. H faudra laisser les portes libres, mais rien ne nous empêche de manifester. Nous devons être très nombreux. Invitez parents, amis à vous accompagner. Cela ne peut plus durer.

– 30 –

Source:

Michel Duchesne, président
Syndicat des enseignantes et des enseignants du cégep Montmorency (SEECM)
450 668-1344


Le syndicat représente 790 enseignantes et enseignants et son assemblée générale a adopté les propositions suivantes:

Propositions relative à la grève étudiante adoptée par l’assemblée générale du Syndicat des enseignantes et enseignants du cégep Montmorency (SEECM)

Considérant la position de la Fédération nationale des enseignantes et enseignants du Québec (FNEEQ) et celle du SEECM, adoptées en septembre 2011, d’appuyer la lutte des étudiants pour un gel des droits de scolarité;

Considérant la position adoptée lors de l’assemblée générale du Syndicat des enseignantes et enseignants du cégep Montmorency (SEECM) du 13 mars dernier qui appuie la lutte des étudiantes et des étudiants contre la hausse des droits de scolarité universitaire;

Considérant la position adoptée à l’unanimité par le conseil d’administration (CA) du collège Montmorency le 28 mars 2012, demandant au gouvernement de négocier avec le mouvement étudiant pour un retour en classe dans les plus brefs délais;

Considérant la dimension sociale inhérente à notre tâche pédagogique qui consiste à encourager la réflexion et à former la pensée critique de nos étudiantes et de nos étudiants en vue de leur participation à la vie citoyenne;

Considérant la dégradation du climat social engendré par l’attitude condescendante et méprisante du Premier ministre Jean Charest et de la ministre Line Beauchamp dans ce conflit et leur refus systématique et entêté de négocier une entente avec les représentantes et les représentants étudiants;

Considérant l’utilisation de plus en plus grande de la brutalité policière en réaction à des manifestations pacifiques;

Considérant les nombreux appuis de la société civile en faveur d’une négociation;

Considérant la judiciarisation du conflit qui a entraîné des dérapages malheureux dans plusieurs institutions et qui a démontré l’impossibilité de respecter les ordres de la Cour tout en maintenant un climat propice à l’enseignement;

Considérant les six votes de grève fortement majoritaires des étudiantes et des étudiants du collège Montmorency;

Considérant la légitimité des quatre associations qui représentent les étudiantes et les étudiants dans le conflit actuel;

Considérant l’urgence de reprendre les cours dans les plus brefs délais pour éviter un enlisement du conflit qui aura des conséquences pédagogiques, économiques et politiques catastrophiques pour la population étudiante et la société dans son ensemble;

L’assemblée générale du SEECM mandate l’exécutif pour demander au gouvernement :

  • de reconnaître la légitimité des associations étudiantes et de convenir que seule une décision prise en assemblée générale pourra garantir un retour en classe harmonieux;
  • de négocier sur la question de la hausse des droits de scolarité universitaire avec les représentantes et les représentants de toutes les associations étudiantes, incluant la CLASSE;
  • d’annuler la hausse des droits de scolarité universitaire prévue pour les cinq prochaines années;
  • de mettre en place une instance visant à revoir l’ensemble de la gestion de l’enseignement supérieur au Québec et visant à défendre son caractère public et sa mission;
  • de mettre en place les conditions nécessaires à l’atteinte de la gratuité scolaire.

Que l’assemblée générale collabore à la mise en œuvre de la position de l’association étudiante et affirme que les étudiantes et étudiants en grève ne devront en aucun cas être lésés par les injonctions.