La Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ-CSN) se dit très inquiète des conséquences de la décision prise par la direction du cégep Edouard-Montpetit d’offrir un programme d’études en anglais à l’École nationale d’aéronautique. «Les impacts négatifs de cette décision sont doubles, a déclaré le président Ronald Cameron. Non seulement fragilise-t-elle l’équilibre du réseau en matière linguistique, mais elle témoigne d’un mépris certain des voies habituelles de consultation, ce qui ne peut que provoquer un climat de confrontation tout à fait inutile dans le collège».
Informée par le syndicat des professeurs de la décision du collège, mais aussi de la manière avec laquelle elle fut prise, la FNEEQ demande au ministre de l’Éducation de suspendre le processus d’autorisation afin que les parties fassent le point sur la situation et trouvent les termes d’une solution qui puisse satisfaire les intérêts du réseau collégial et rétablir du même coup une dynamique interne plus saine.
La portée d’une telle ouverture de programme anglophone dans un établissement collégial public francophone soulève toute une série de questions qui doivent être éclaircies avant qu’une décision soit prise. Ajouter à la charge d’un collège celle d’assumer un enseignement collégial en anglais, avec les services connexes qu’il faut assurer à une population étudiante anglophone, les exigences que cela suppose pour les personnels, tout cela ne semble pas avoir été évalué, au regard notamment de solutions différentes. Le ministère se targue de vouloir favoriser un développement harmonieux du réseau collégial, cela devrait inclure la question linguistique.
Actuellement en cours de recrutement, le projet de programme n’a pas encore été autorisé par le ministère. La décision de le demander a été prise par le conseil d’administration du collège, qui a mandaté la direction du collège de procéder. Or, cette décision ne fut précédée d’aucune consultation des personnels enseignant et de soutien. Un avis défavorable de la Commission des études, à l’encontre de ce projet, n’a même pas été transmis par la directrice des études au conseil d’administration!
La décision du collège fait suite à la fermeture des disciplines associées au programme au cégep John-Abbott qui détenait jusqu’à ce jour l’autorisation ministérielle pour dispenser l’enseignement de cette discipline en anglais. «Il est certain que la population anglophone doit avoir accès à un enseignement postsecondaire technique en aéronautique, a commenté M. Cameron. Il est aussi dans l’intérêt du Québec de conserver l’expertise la plus grande dans ce domaine. Il est aussi important de reconnaître que les exigences d’investissement dans une telle discipline pèsent lourd dans l’offre de formation de qualité».
Cette annonce traduit ainsi un laisser-faire inacceptable du point de vue de l’intérêt public, et s’inscrit, contrairement aux prétentions du ministère, dans une optique de concurrence qui amène trop souvent des décisions menant au développement anarchique de l’offre de programme au sein du réseau collégial. À l’heure des partenariats institutionnels, ne serait-il pas possible d’en planifier dans ce dossier, évitant ainsi d’altérer la mission actuelle des établissements?
La FNEEQ représente 36 syndicats dans les cégeps qui regroupent plus des deux tiers des enseignantes et des enseignants de ces institutions.