La Table des partenaires universitaires (TPU) découvrait, le lundi 13 mars 2023, que le Conseil du trésor rangeait le ministère de l’Enseignement supérieur à la dernière place de son bulletin chiffré avec une note globale de 47 %.[1] L’ironie de voir ce ministère être un « mauvais élève » est douloureuse pour toute personne impliquée dans le réseau des universités québécoises. Aussi la TPU souhaite-t-elle participer activement aux réflexions engagées au sein de ce ministère, afin d’identifier les meilleurs moyens de soutenir et d’améliorer ce réseau, de façon à atteindre des objectifs communs qui ne reposent pas uniquement sur des critères quantitatifs.
En cette période de consultations pré-budgétaires, la TPU estime opportun de rappeler au Conseil du trésor comme au ministère de l’Enseignement supérieur, l’importance de choisir les modalités de financement universitaire les plus aptes à favoriser la croissance des inscriptions étudiantes, du taux de diplomation et de la recherche, sans engendrer des effets indésirables. Or, les recherches effectuées sur ces questions sont claires et recommandent de favoriser le financement inconditionnel, prévisible et non-ciblé des universités et des organismes subventionnaires.
La TPU réclame donc l’instauration, dans le budget 2023-2024 du ministère de l’Enseignement supérieur, d’une enveloppe significative dédiée à ce financement inconditionnel, couplée avec une hausse du financement global. Ce sont les mesures les plus à même de favoriser l’accessibilité aux études supérieures, la persévérance aux études, le développement de programmes de formation adaptés aux transformations contemporaines des savoirs et des professions et la recherche ou la création à long terme, en plus d’améliorer la santé de l’ensemble des acteurs et actrices du monde universitaire : les personnes étudiantes, étudiantes salariées et chargées de cours, le personnel de soutien, les personnes professeures et professionnelles. Ce sont aussi les mesures qui permettront aux institutions universitaires d’assumer pleinement leur mission de service public et d’être les vecteurs du développement artistique, culturel, économique et social de leurs milieux et du Québec en entier.
Par ailleurs, la Table des partenaires universitaires signale son opposition aux différentes modalités de financement à la performance telles que mises en place dans d’autres systèmes universitaires à travers le monde : l’expérience a démontré que ces mesures, bien qu’elles aient parfois des objectifs louables, engendrent de multiples effets négatifs, suscitant ainsi plus de problèmes qu’elles n’apportent de bienfaits. Ainsi, le financement à la performance lié à la réussite tend à réduire les admissions, donc l’accessibilité aux études supérieures, car les établissements deviennent alors plus sélectifs (GREPA, 2022). Rappelons enfin que la TPU maintient ses positions historiques quant à la critique du financement basé sur le calcul du nombre d’inscriptions étudiantes (EETP), financement qui a intensifié la compétition entre les établissements et les programmes et suscité de très importantes dépenses immobilières. Les recherches sur les politiques de financement universitaire ont montré que cette formule n’était pas socialement efficace. D’où l’intérêt d’un financement inconditionnel, pérenne et non-ciblé.
[1] https://performance.gouv.qc.ca/tableau-de-bord/classements
Signataires, membres de la Table des partenaires universitaires :
Vincent Beaucher, Président, Fédération de la recherche et de l’enseignement universitaire du Québec — CSQ
Valérie Fontaine, Présidente, Fédération du personnel de soutien de l’enseignement supérieur — CSQ
Claude Fortin, Présidente, Fédération du personnel professionnel des universités et de la recherche
Michel Lacroix, Président, Fédération québécoise des professeures et professeurs d’université
Carole Neill, Présidente, Conseil provincial du secteur universitaire, Syndicat canadien de la fonction publique — FTQ
Sébastien Paquette, Coordonnateur, Conseil québécois des syndicats universitaires — AFPC
Kathrin Peter, 2e vice-présidente, secteur de l’enseignement supérieur de la Fédération des professionnèles — CSN
Caroline Quesnel, Présidente, Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec — CSN
Mario Roy, Représentant de la Fédération universitaire des syndicats étudiants
Samy-Jane Tremblay, Présidente, Union étudiante du Québec
La TPU a été constituée au milieu des années 1990. Elle réunit des organisations représentant des étudiantes et étudiants, du personnel de soutien, technique et professionnel, des chargées et chargés de cours et des professeures et professeurs. La TPU propose une vision humaniste de l’université. On peut prendre connaissance du manifeste publié le 25 novembre 2010 : Pour une université libre, accessible, démocratique et publique[1]. Les propositions du manifeste sont toujours actuelles.
[1] Accessible à : https://fneeq.qc.ca/wp-content/uploads/fr/2010-11-25-Manifeste-long-FINAL-1.pdf