«Si, en présentant le projet de loi 123, l’objectif du ministre est de soutenir la réussite étudiante dans les cégeps, nous devons lui signifier qu’il serait faux de laisser croire qu’un pas supplémentaire dans cette direction serait réalisé en faisant peser un cadre juridique sur les plans de réussite et les plans stratégiques.» C’est ainsi que Pierre Patry, président de la plus importante fédération enseignante du collégial et Marjolaine Côté, présidente du plus important regroupement d’employés de soutien des cégeps accueillent le projet de loi 123 alors qu’ils comparaissent devant la Commission de l’éducation qui l’étudie.

Dans la foulée du Sommet du Québec et de la jeunesse, le ministre de l’Éducation avait annoncé, au printemps 2000, une série de mesures à l’égard de la réussite et demandé, entre autres, à chaque collège de produire un plan de réussite, de voir à sa réalisation et à son évaluation.

L’ensemble des établissements ont répondu à cette exigence et déposé au ministre, à l’automne 2000, un premier plan de réussite. Puis, le ministre de l’Éducation a demandé à la Commission de l’évaluation de l’enseignement collégial d’évaluer les plans de réussite produits par les collèges.

Ce bref rappel permet de constater que des actions ont réellement été entreprises jusqu’à maintenant par les collèges et que la démarche a produit des résultats, sans que cette obligation soit enchâssée dans une loi. Nous sommes profondément convaincus qu’une loi ne sera jamais garante de la responsabilisation et de l’engagement des individus et des établissements.

Des mises en garde

La réalité collégiale qui comporte la possibilité pour les élèves les plus performants de choisir entre différentes institutions celle de leur choix, induit des inégalités entre les cégeps quant à la performance générale de leur effectif scolaire et au taux de réussite de leurs étudiants. La vigilance sera donc de mise pour s’assurer que l’obsession de la réussite ne pousse les collèges éprouvants des difficultés, à niveler vers le bas leurs exigences, en ce qui a trait à la formation générale et spécifique pour répondre aux résultats souhaités. Pour éviter de telles manœuvres, toute mesure d’évaluation doit viser l’amélioration continue et être accompagnée de mesures particulières d’aide et d’appui à l’intention de ces collèges.

Par ailleurs, la réussite étudiante dépend d’un ensemble de facteurs qui jouent de façon très variable d’un milieu à un autre.«Nous avons tous l’obligation de tenir compte de ces particularités. Les plans de réussite doivent en être imprégnés. On doit aussi reconnaître que le collège a une responsabilité d’obligation de moyens mais qu’on ne peut le contraindre à une obligation de résultats ; les formules gagnantes étant trop aléatoires. Ne l’oublions pas, le collège n’est pas l’unique responsable du succès et de la réussite.» d’affirmer les représentants de la FNEEQ et de la FEESP.

D’autre part, la FNEEQ et la FEESP s’inquiètent de l’influence que pourrait exercer le ministre sur la Commission de l’éducation de l’enseignement collégial. Le projet de loi lui accorde de nouveaux pouvoirs qui auraient pour effet de réduire ceux de la commission. Il est essentiel que cette dernière demeure indépendante du ministre et qu’elle conserve ses pouvoirs d’initiative.

Enfin, si le gouvernement persiste dans son intention d’encadrer par une loi les plans stratégiques et les plans de réussite, les fédérations de l’éducation de la CSN l’invitent à y inclure des dispositions qui assurent qu’aucune mesure de financement ne sera associée à l’atteinte des résultats basés sur la réussite des étudiants, ni qu’aucune mesure n’aura pour impact de pénaliser financièrement les cégeps qui n’auraient pas atteint les résultats souhaités.

La FNEEQ représente plus des deux tiers des professeurs de cégep et la FEESP plus de 70 pour cent des employés de soutien du réseau collégial public. Elles sont des fédérations de la Confédération des syndicats nationaux qui compte plus de 50 000 membres dans le secteur de l’éducation.

Renseignements:

Roger Deslauriers
Service de l’information de la CSN
tél. : (514) 598-2378