Un Forum social mondial a eu lieu à Mexico du 1er au 6 mai dernier. Après avoir été reporté deux années de suite, le rendez-vous s’est tenu en présence et en ligne. Des délégations en provenance de tous les continents étaient présentes. Néanmoins, si le nombre n’est plus au rendez-vous, beaucoup à cause de la pandémie, la qualité demeure, notamment en éducation, en particulier à cause des réseaux latino-américains en éducation populaire. Les personnes participantes aux activités liées aux enjeux en éducation en ont témoigné en convenant d’une déclaration radicale, mais aussi très collée aux enjeux contemporains en éducation.
Une éducation décolonisatrice, dépatriarcale, anticapitaliste et antiraciste
Le titre de la déclaration sur l’éducation, « Manifeste pour les autres éducations », résume la perspective adoptée par les personnes participantes à l’assemblée de convergence sur cette question. Les Autres éducations sont d’abord celles esquissées « pour un autre monde possible », le mot d’ordre des mouvements altermondialistes depuis vingt ans. Il s’agit ainsi de marquer l’intention de développer une « éducation décolonisatrice, dépatriarcale, anticapitaliste et antiraciste », comme le mentionne d’entrée de jeu la déclaration.
Par ailleurs, les Autres éducations, c’est aussi un projet à promouvoir maintenant en opposition à la logique de la performance et de la compétition dans le système tel qu’il existe actuellement. Il s’agit d’une « éducation publique, gratuite et de qualité, avec une pertinence culturelle et sociale, libératrice, transformatrice et populaire, communautaire et démocratique, interculturelle, diverse, plurielle et inclusive, basée sur la justice épistémique et le dialogue interscientifique ».
De plus, les Autres éducations est aussi un plaidoyer pour cette autre éducation, non formelle, de conscientisation et de transformation sociale. La déclaration fait la promotion d’une éducation au service de la citoyenneté, en affirmant la centralité de l’éducation populaire, dans une perspective « large, inclusive et transformatrice ». Il s’agit de développer une éducation tout au long de la vie qui valorise la diversité et l’inclusion, dans une période d’accentuation des divisions et des inégalités.
Le numérique n’est pas la solution
Avec la pandémie, la pression est très forte sur les gouvernements pour utiliser la technologie de manière étendue dans l’enseignement. Et les acteurs privés la présentent souvent comme la solution. La déclaration affirme que le numérique « n’est pas la solution ni est suffisant pour résoudre les grands problèmes de l’éducation », malgré qu’elle reconnaît que l’utilisation de la technologie est importante. On demande de garantir les droits numériques et d’offrir des plates-formes et des logiciels gratuits et pertinents. Ainsi, l’éducation des jeunes et des adultes est placée sous le signe de pratiques plus humaines, et aussi de la solidarité, du dialogue, du respect de la diversité, en vue de construire une société juste, démocratique, avec le plein exercice des droits par chacun et chacune.
La déclaration reconnaît également l’importance des enseignantes et des enseignants, tout autant que des éducatrices et des éducateurs dans les secteurs aux apprentissages non formels, ainsi que toutes les personnes impliquées en éducation. D’ailleurs, la plupart des activités en éducation se sont tenues dans les locaux de l’organisation syndicale mexicaine Coordination nationale des travailleurs-euses de l’Éducation (CNTE-democratica), une organisation indépendante de l’État qui s’est séparée de l’organisation inféodée au pouvoir institutionnel à l’époque du Parti révolutionnaire institutionnel. Rappelons qu’une section connue de cette tendance du mouvement syndical enseignant mexicain, la section 20 d’Oaxaca, a été reçue par la FNEEQ lors d’un conseil fédéral dans les années 2000.
Pour accéder à la déclaration.