Par Benoit Lacoursière, secrétaire général et trésorier de la FNEEQ
Dans mon esprit, il n’y a aucun doute que la grève étudiante de 2012 a joué un rôle central dans mon choix d’implication syndicale.
Au début de la grève, je me souviens, comme plusieurs collègues, d’un sentiment d’urgence face à la mobilisation étudiante : comment pouvions-nous la soutenir ? Quel est notre rôle comme enseignant-e ? Comme militant·e syndical-e ? C’est pourquoi je joins le réseau des Profs contre la hausse tant afin de me nourrir de l’implication de mes pair-es que de trouver moyen d’influencer l’action de mon syndicat. Je participe bien évidemment aux manifestations et je sers parfois de commentateur engagé auprès de certains médias. Malgré tout, il me semblait manquer de moyens.
Avec d’autres enseignant-es du cégep, nous signons une pétition pour tenir une AG extraordinaire du syndicat. Nous serons dès lors en assemblée générale pratiquement chaque semaine jusqu’aux vacances d’été, à vivre – comme nos étudiantes et nos étudiants – la démocratie directe en action. Cette intensité démocratique est exigeante pour toutes les personnes qui y prennent part. Je préside alors fréquemment les AG du syndicat avec la conscience que tou-tes les membres ne sont pas du même avis sur ce sujet polarisant et qu’il faut aménager un espace de débat démocratique sain.
Je me souviens des manifestations de casseroles, au coucher du soleil, dont les débuts familiaux et festifs tranchaient avec la répression sauvage de la nuit. Je me souviens que même si on n’enseignait pas, on était aussi épuisé-es à la fin l’année et que l’été qui a suivi a à peine rechargé les batteries.
J’étais déjà délégué de mon syndicat aux assemblées du Conseil central du Montréal-métropolitain – CSN, qui suivait de près la mobilisation étudiante. J’ai eu aussi l’occasion de participer au congrès de 2012 de la FNEEQ et j’ai alors définitivement eu la piqure de l’action syndicale. Alors qu’un vice-président du syndicat démissionne en septembre 2012, je suis sollicité et j’accepte de me présenter à l’exécutif. Je n’ai jamais regretté cette décision. Au mois de mai 2013, je suis finalement élu président, avec la ferme conviction que les syndicats sont des outils des travailleuses et des travailleurs et que l’on peut collectivement se réapproprier notre pouvoir (empowerment), tant pour améliorer nos conditions de travail que pour lutter pour une société plus libre, plus égalitaire et empreinte de justice sociale.
Je suis persuadé que le mouvement étudiant de 2012 nous a donné de grandes leçons sur le sens de la délibération démocratique et de la mobilisation. La détermination et la solidarité dont ont fait preuve les militantes et les militants étudiants doivent être ainsi soulignées. Nous devons leur dire merci !