Par Caroline Quesnel,
Présidente de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ–CSN)
Une devinette : quel est l’investissement qui occupe environ le tiers du budget de l’État, dont l’importance est capitale pour l’avenir des Québécoises et des Québécois, qui fait l’unanimité, mais dont presque personne ne parle pendant la présente campagne électorale ? L’éducation de façon générale et l’enseignement supérieur en particulier.
À juste titre, les partis en campagne nomment l’enjeu de la pénurie de main-d’œuvre qui freine actuellement le Québec dans tous les secteurs de l’activité économique, dans le secteur privé comme dans le secteur public. Or, nous savons toutes et tous que cette crise est appelée à s’aggraver dans les années futures si les réseaux de l’éducation – de la maternelle à l’université – ne sont pas davantage mis à contribution. Il y a urgence de s’attaquer au décrochage scolaire endémique, de réduire les ratios maître-élèves dans les classes, d’offrir des ressources adéquates aux étudiantes et étudiants en situation de handicap ou qui vivent avec les stigmates de deux ans de pandémie ainsi que de valoriser et de faciliter l’accès aux études supérieures. Du côté universitaire, en investissant 1,2 milliard de dollars (conformément à une récente étude documentée par l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques), il est possible d’atteindre une véritable gratuité scolaire pour tout le monde. Le Québec peut ! Est-ce que le Québec veut ?
Les politiciennes et politiciens débattent des seuils d’immigration. Or, en dépit de leur nombre, les nouvelles Québécoises et nouveaux Québécois de même que leurs enfants ne demandent qu’à travailler en notre sol, là par où commencent l’accueil et l’intégration. Elles et ils veulent une mise à niveau de leur formation ou en acquérir une nouvelle pour se réaliser de même que pour participer en tant que citoyennes et citoyens complets à l’essor de notre société. Une telle chose passe nécessairement par les réseaux de l’éducation.
En ce moment, tous les partis politiques carburent aux slogans environnementaux. Pourtant, au cours de la dernière décennie, les gouvernements ont sous-financé, l’expertise et le haut savoir dans nos campus collégiaux et universitaires. Les enseignantes et les enseignants ont pour mission de diffuser les connaissances et de mener les recherches susceptibles à terme de rendre le Québec écoresponsable et de nous permettre de faire face notamment à la crise climatique.
La présente campagne électorale passe complètement à côté de ces enjeux fondamentaux.
À quelques jours du vote
D’ici à lundi prochain, ce que nous demandons aux politiciennes et politiciens, c’est de prendre position clairement sur une vision large de l’éducation de la maternelle à l’université, comme étant LA solution d’avenir aux défis auxquels est confrontée notre société. Cette mission de l’État doit être financée de façon stable et récurrente pour assurer une prévisibilité à long terme et pour devenir un moteur d’émancipation collective tout comme de progrès social. Elle doit être priorisée de façon équitable entre toutes les régions, entre tous les programmes et entre tous les établissements, sans égard aux portefeuilles des étudiantes et des étudiants, pour réaliser le potentiel de chacun.
Suivant cette même logique, après l’élection, le gouvernement ayant remporté celle-ci devra nommer deux ministres distincts de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur investis, engagés et à l’écoute des 35 000 spécialistes de l’enseignement que nous sommes afin de bâtir un Québec qui prend parti pour l’éducation.