La délégation de la FNEEQ est revenue très satisfaite du VIe Congrès mondial de l’Internationale de l’éducation (IE) tenu dans la ville du Cap en Afrique du Sud, en juillet dernier. Elle a aussi apprécié les orientations adoptées lors de cette rencontre qui réunissait près de 1 500 délégué-es en provenance de 154 pays. Notre délégation était constituée du président Jean Trudelle, de la secrétaire générale Caroline Senneville et de la vice-présidente Micheline Thibodeau; France Désaulniers, conseillère aux communications, complétait le groupe qui a pu profiter d’un appui financier de la CSN pour l’occasion.
Vers une Internationale de l’éducation plus engagée
Ce VIe Congrès de l’IE a été marqué par une première : l’adoption d’une politique unifiée sur l’éducation, présentée dans un document qui servira dorénavant de base à toutes les interventions, prises de positions et actions de l’IE et qui sera diffusé dans l’ensemble des organisations affiliées. Intitulée Une éducation de qualité pour bâtir l’avenir, cette politique décline en 48 énoncés les principes fondateurs sur lesquels devraient s’appuyer les systèmes d’éducation de ses affiliés.
Il est remarquable de voir à quel point ce texte rejoint les préoccupations de la FNEEQ. La conception de l’éducation comme un bien public qui doit être exclu de l’espace marchand se traduit par la volonté de développer des systèmes d’éducation entièrement publics, au sein desquels on affirme clairement que de bonnes conditions de travail sont nécessaires à l’atteinte d’un enseignement de qualité. Ce texte fait écho à bon nombre de résolutions prises dans les instances de notre fédération visant l’autonomie professionnelle, le développement des solidarités, le rôle incontournable des syndicats, la recherche d’une éducation toujours plus inclusive. Le seul bémol à notre adhésion pourrait concerner l’évaluation des enseignements: nous aurions sans doute, sur ce sujet, exprimé les choses un peu différemment et insisté davantage sur la distinction entre l’évaluation des enseignements et celle des personnes qui le font.
Mais malgré cela, la délégation de la FNEEQ a appuyé sans réserve l’adoption de ce texte qu’elle a d’ailleurs contribué à façonner en militant pour l’adoption d’un amendement important qui a permis de camper beaucoup plus clairement la position de l’IE sur la gratuité scolaire. Le Congrès s’est ainsi résolument positionné en faveur de l’abolition des droits de scolarité à l’université. Dans le contexte de la lutte étudiante qui s’annonce au Québec cet automne sur cette question, il s’agit là d’un appui non négligeable.
Un congrès engagé
Plusieurs rencontres de concertation ont eu lieu en marge du congrès, permettant aux délégué-es de faire le point sur des questions d’importance: les progrès des luttes des femmes et de celle contre l’homophobie en milieu scolaire, les batailles qui se livrent en enseignement supérieur, à beaucoup d’endroits, contre la restriction de la liberté académique. Des témoignages prenants ont émaillé le fil des débats, par exemple sur le rôle majeur joué par les enseignantes et enseignants dans les différentes révoltes du monde arabe ou sur la situation dramatique que vivent des enseignantes et des enseignants migrants, recrutés et exploités honteusement en sol américain par des agences de placement frauduleuses.
Globalement, la délégation de la FNEEQ a surtout relevé que les débats, tout comme le ton général des interventions de l’IE, sont devenus plus engagés et plus politiques.
Fondée en 1993, l’IE n’a pas encore 20 ans. Pour un syndicat international de cette envergure, c’est très jeune. Même si elle a fait beaucoup de travail auprès d’organismes internationaux (UNESCO, BM, OCDE) pour promouvoir l’éducation, même si elle a mené plusieurs campagnes (sur le SIDA, pour l’éducation des filles, pour une éducation inclusive, contre l’Accord général sur le commerce des services [AGCS]) et tout en ayant été un lieu privilégié de solidarité enseignante, l’IE a surtout consacré ses énergies, depuis sa fondation, à consolider ses bases à la fois sur le plan organisationnel et sur celui de l’élaboration de ses positions.
Le discours d’ouverture du secrétaire général, Fred van Leeuwen, était cette fois plus résolument engagé. Particulièrement mordant à l’égard des gouvernements qui refusent d’admettre les ravages de la privatisation dans les systèmes d’éducation, M. van Leeuwen a écorché au passage ceux qui multiplient les mesures de contrôle des enseignantes et des enseignants: «Le message indirect et profondément malheureux qu’envoient ces gouvernements à leur population, c’est que l’éducation est trop importante pour être laissée entre les mains de celles et ceux qui la font. Voilà qui est tout à fait déplorable».
Mais il a surtout explicitement souligné que l’IE se devait d’être dorénavant plus militante. «Nous sommes passés au fil des ans de la recherche de l’unité et de la cohésion à la recherche de positions convergentes, a-t-il déclaré. Il est maintenant temps d’avancer vers l’action et la mobilisation».
Une invitation fort bien reçue par le Congrès, au sein duquel on a d’ailleurs pu noter une évolution certaine au sein de la très large délégation étatsunienne, beaucoup plus «politisée» dans ses interventions qu’au congrès précédent. Manifestement, il se passe des choses chez nos voisins du Sud. Les coupures sauvages dans les budgets de l’éducation et les attaques frontales subies par les syndicats du secteur public ont mobilisé les organisations syndicales américaines, qui ont pu faire état de leurs actions de résistance et souligner, au passage, la solidarité exprimée notamment par leurs collègues canadiens et québécois.
Un rapport complet de ce congrès sera fait au Conseil fédéral de décembre, et le texte Une éducation de qualité pour bâtir l’avenir y sera diffusé pour les syndicats.
Le comité école et société
On peut rejoindre le comité école et société à l’adresse: cesfneeq@csn.qc.ca