Réagissant à la confirmation de l’injection de 320 millions de dollars en enseignement supérieur faite aujourd’hui par le gouvernement du Québec, le président de la FNEEQ, Ronald Cameron, n’a pas manqué de noter que, malgré cet effort, le Québec est encore loin du compte.
«Dans le contexte du sous-financement actuel, il est certes difficile de ne pas accueillir avec plaisir l’arrivée d’un peu d’argent frais. Mais il est tout aussi difficile de ne pas relever que nous sommes bien loin du réinvestissement dont les établissements ont besoin» souligne Ronald Cameron.
Les besoins réels du réseau collégial sont estimés par plusieurs organisations à plus de 300 M$ annuellement, soit 15 fois plus que ce à quoi consentait aujourd’hui le gouvernement du Québec.
«Mais surtout, précise monsieur Cameron, il est tout à fait inacceptable que, dans les sommes annoncées pour les cégeps, il n’y ait absolument rien de prévu pour l’enseignement. La masse salariale des enseignantes et des enseignants compte pour plus de la moitié du budget des collèges et c’est le sous-financement de l’enseignement qui affecte leur mission fondamentale, davantage que quoi que ce soit d’autre».
De plus, nous devons constater que la proportion accordée aux cégeps dans les annonces d’aujourd’hui demeure en deçà du 40% de financement public qui est consenti actuellement à ce réseau postsecondaire. Par ailleurs, la répartition des sommes annoncées demeure limitée à la formule de financement en vigueur dans le réseau et ne tient compte que de manière restreinte des besoins particuliers, entre autres ceux des cégeps en difficulté dans les régions.
Dans les universités, le réinvestissement de 240 M$ constitue une somme insuffisante en regard des exigences d’accessibilité, dans le contexte d’une demande accrue pour l’enseignement. Des montants sont prévus pour l’embauche de nouveaux professeurs, toutefois, les chargées et chargés de cours, qui sont maintenant reconnus de plus en plus comme des enseignantes et des enseignants à part entière dans les établissements, semblent complètement ignorés. Pourtant, dans la plupart des universités, plus de la moitié des cours du premier cycle sont assurés par des chargées et chargés de cours, dont le nombre va croissant à tous les cycles.
Il est certain que la répartition des sommes fera l’objet d’un arbitrage dans les établissements entre l’accessibilité à l’enseignement et les autres missions des universités. Les chargées et chargés de cours ne manqueront pas dans les prochaines semaines de se manifester pour obtenir les moyens d’assumer pleinement leurs responsabilités en regard de la formation des étudiantes et des étudiants.
«Les besoins du Québec en matière d’enseignement supérieur sont énormes et ce n’est ni par des injections ponctuelles, ni en remettant en question des choix sociaux tels l’accessibilité financière que le gouvernement pourra dynamiser ce secteur crucial pour développement du Québec», affirme M. Cameron. «Il faut trouver des sources de financement récurrentes. La longue marche pour obtenir les transferts fédéraux de plus de 1 milliard auxquels le Québec devrait avoir droit devra se conclure. Mais il faut aussi examiner d’autres pistes, essentielles pour faire face aux exigences sociales de l’enseignement supérieur: réexaminer le pacte fiscal notamment avec les entreprises et éliminer des abris fiscaux qui privent la société québécoise de la marge de manouvre dont elle a besoin sur le plan budgétaire.»
La FNEEQ-CSN est l’organisation syndicale la plus représentative de l’enseignement supérieur. Elle regroupe les deux-tiers des enseignantes et des enseignants de cégep ainsi qu’une majorité de chargées et chargés de cours des universités québécoises.
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