Soins infirmiers : les représentants du réseau collégial accueillent favorablement le rapport d’étape du commissaire
Alors que d’autres ordres professionnels font preuve de transparence en communiquant au personnel enseignant des programmes concernés les questions posées lors de l’examen d’entrée à la profession, ce qui favorise l’adéquation entre la formation et cet examen, l’OIIQ refuse de faire de même, imposant même le silence aux enseignantes et aux enseignants qui collaborent avec l’Ordre à l’élaboration de cet examen.
– Coalition pour le maintien du DEC qualifiant en Soins infirmiers
Des membres de la Coalition pour le maintien du DEC qualifiant en Soins infirmiers — soit l’Association des enseignantes et enseignants en soins infirmiers des collèges du Québec (AEESICQ), la Fédération des cégeps, la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ), la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ–CSN) et la Fédération de l’enseignement collégial (FEC–CSQ) — accueillent favorablement le rapport d’étape que le commissaire à l’admission aux professions vient de déposer en lien avec la vérification qu’il mène sur l’examen de l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ) du 26 septembre dernier. Celui-ci s’était soldé par un taux de réussite « historiquement bas », comme le mentionne le document. La publication d’un tel rapport avant la fin de la vérification est motivée par la nécessité d’informer les personnes concernées dès maintenant et de formuler des conclusions ainsi que des recommandations qui ne peuvent attendre la fin de l’exercice, précise le commissaire.
Les membres de la Coalition se réjouissent de savoir que la lumière sera faite sur cet examen. Ils estiment également qu’il est sage de la part du commissaire de recommander que l’Ordre reporte la tenue de la séance de l’examen professionnel en vue de l’admission à la profession. Dans l’état actuel des connaissances sur la situation et en présence de préoccupations, il serait imprudent d’obliger les personnes candidates à se présenter à la prochaine séance d’examen, prévue pour mars 2023, explique le commissaire. Selon les hypothèses qu’il formule, la faiblesse des résultats de septembre dernier s’expliquerait par le fait que soit l’examen comportait des failles méthodologiques, soit la formation des personnes candidates les y avait mal préparées. Chacune de ces hypothèses, voire la combinaison des deux, conduit le commissaire à conclure que les personnes qui ont passé cet examen ont subi un préjudice dans leur parcours d’insertion professionnelle. Dans un tel contexte, le report de l’examen constitue une bonne nouvelle pour les quelque mille candidates et candidats diplômés, dont une proportion importante de diplômées et de diplômés des cégeps, qui ne peuvent accéder à la profession actuellement en raison de leur échec à l’examen de septembre, affirment les membres de la Coalition.
Par ailleurs, le commissaire recommande d’accorder à nouveau aux personnes ayant échoué une troisième fois à l’examen de l’Ordre le statut de candidate ou de candidat à l’exercice de la profession infirmière (CEPI), qui leur permettra de servir dans les milieux en attendant la tenue du prochain examen de l’OIIQ. Cette recommandation satisfait les membres de la Coalition, hautement préoccupés par le sort de ces étudiantes et de ces étudiants qui se retrouvaient ainsi laissés pour compte tout en détenant toutes les qualifications pour apporter leur précieuse contribution à la vitalité de nos milieux de santé et des services sociaux.
Alors que tous les milieux ont un besoin criant de personnel, il serait complètement surréaliste de se priver plus longtemps de ressources dûment formées et compétentes, rappellent les membres, qui souhaitent également réaffirmer la qualité de la formation en Soins infirmiers offerte par le corps enseignant des cégeps. Celui-ci veille aussi constamment à l’arrimage des notions transmises avec les besoins des milieux tout en attendant — depuis trop longtemps déjà — la révision du programme par le ministère de l’Enseignement supérieur.
L’OIIQ appelé à faire un examen… de conscience
Si ce rapport d’étape ainsi que l’ensemble de la vérification que mène le commissaire à l’admission constituent des avancées que saluent les membres de la Coalition, ces derniers continuent cependant à se questionner sur les façons de faire de l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec. À titre d’exemple, alors que d’autres ordres professionnels font preuve de transparence en communiquant au personnel enseignant des programmes concernés les questions posées lors de l’examen d’entrée à la profession, ce qui favorise l’adéquation entre la formation et cet examen, l’OIIQ refuse de faire de même, imposant même le silence aux enseignantes et aux enseignants qui collaborent avec l’Ordre à l’élaboration de cet examen. Le 11 janvier dernier, dans le cadre d’une rencontre avec les enseignantes et les enseignants en Soins infirmiers, l’OIIQ récidivait, faisant preuve d’une même opacité en refusant de répondre aux questions concernant son examen. Une telle omerta est incompatible avec la mission de l’Ordre, qui est de protéger le public.
Devant ce flou qui caractérise le comportement de l’OIIQ et compte tenu des motivations bien connues de ce dernier à faire du baccalauréat le seuil d’accès à la profession, les membres de la Coalition estiment qu’il serait plus que temps de clarifier la situation.
Dans cette perspective, ils attendront avec impatience le rapport final du commissaire, dont ils applaudissent de nouveau le travail, qui aura pour effet d’expliciter les raisons justifiant la faiblesse des résultats à l’examen de l’Ordre, mais aussi, espèrent-ils, de mettre définitivement un terme aux débats stériles sur l’accès à la profession nourris par l’OIIQ depuis trop longtemps, pendant que les bris de service menacent la santé de la population québécoise et que de jeunes carrières sont tuées dans l’œuf.