Benoît Lacoursière
président de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ–CSN)
Yves de Repentigny
vice-président responsable du regroupement cégep à la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ–CSN)

Dans un article de Léa Carrier publié dans La Presse le 30 octobre, il était rapporté l’idée d’inverser la séquence des cours de français langue et littérature (FLEL) dans les cégeps et de faire débuter celle-ci par le « quatrième » cours axé sur la communication afin de réduire le taux d’échec au premier cours. Attention ! Notre fédération souhaite mettre en perspective cette suggestion, qui s’avère loin d’être miraculeuse.

Lors d’une rencontre nationale du personnel enseignant de FLEL du niveau collégial, organisée à l’initiative de la FNEEQ les 24 et 25 octobre, une centaine de profs spécialistes de cette discipline ont discuté et échangé afin de faire le point sur les enjeux de l’enseignement de la littérature au cégep. La question de la réussite des cours et de l’épreuve uniforme de français (EUF) y a notamment été abordée. Il en a découlé un consensus fort sur l’importance de faire confiance à la diversité des approches des enseignant∙es et de leurs départements.

Compter sur les vrais experts : les profs

Nous estimons que chaque département possède l’expertise pour adapter les cours de littérature en toute cohérence avec l’ensemble de la séquence dans laquelle ceux-ci sont offerts aux étudiant·es. La structure actuelle de ces cours induit une forte dynamique vers « l’enseignement en fonction DU test » : l’EUF. Plusieurs craignent légitimement que de placer le quatrième cours en début de parcours ne fasse qu’accentuer cette tendance. Or, en nourrissant l’intérêt pour la littérature et la culture québécoises, on parviendrait davantage à développer un lien affectif positif avec la langue française.

Les enseignant·es ont souligné des lacunes chez une importante proportion de la population étudiante sur le plan de la qualité de la langue. Cela dit, selon le ministère de l’Enseignement supérieur l’objectif de l’enseignement de la littérature dans le réseau collégial « vise à parfaire la communication orale et écrite », appelant ainsi les étudiant·es à « faire preuve d’habiletés avancées ».  

Régler les problèmes relatifs à la maîtrise du français avant l’entrée au cégep

Il est nécessaire de se pencher sur l’enseignement et l’évaluation du français aux niveaux primaire et secondaire, démarche amorcée par le ministère de l’Éducation du Québec (MEQ) récemment. L’idée, ici, n’est pas de jeter la pierre à nos collègues, qui se démènent avec le peu de moyens à leur disposition. Pour que la démarche du MEQ soit couronnée de succès, on doit consulter les enseignant·es des cycles concernés, car ces personnes fort engagées formulent plusieurs suggestions que l’on se doit d’écouter. Il nous semble aussi essentiel de maintenir des échanges interordres dans le cadre de cette consultation.

Il existe déjà, dans les cégeps, des cours de renforcement en langue d’enseignement, auxquels on doit élargir l’accès, notamment en fonction des résultats réels que les étudiant·es obtiennent en français et non seulement sur la base de la moyenne générale au secondaire. Naturellement, il faut financer cet accès élargi à la hauteur des besoins.

Bref, les solutions pour améliorer la maîtrise de la langue de la population étudiante s’avèrent nombreuses et diversifiées. Il serait prématuré de décréter maintenant que l’une d’entre elles constitue une panacée.