La FNEEQ a participé à Toronto à une conférence organisée par Labour for Palestine, un comité de la Coalition contre l’apartheid israélien (CAIA), du 30 mai au 1 juin 2008. Cette conférence, en marge du congrès du Congrès du travail du Canada (CTC), se tenait à un moment crucial. En effet, les mouvements de solidarité pour la Palestine ont accueilli récemment l’adoption par le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP) du Canada, une résolution de boycott, de désinvestissement et de sanctions (BDS) à l’endroit d’Israël. Rappelons que le STTP fut le premier syndicat canadien à l’époque à adopter une telle résolution contre l’apartheid sud-africain. Il est maintenant le premier syndicat à l’échelle de l’État canadien à appuyer une campagne de BDS.
La conférence Brique par brique : construire la solidarité syndicale avec la Palestine, est une contribution concrète à la poursuite de cette lutte. Les différents groupes représentés 1 ont pu échanger sur leurs expériences en terme de solidarité avec la Palestine. Il y a beaucoup à apprendre les uns des autres en terme de mise en place de résolutions, sur le développement d’activités éducatives, sur nos réactions face aux interventions souvent hostiles de membres sionistes dans nos milieux et sur la façon d’élargir l’espace à ces enjeux au sein même de nos syndicats.
Invités internationaux
La conférence s’est ouverte par un panel et une discussion avec la salle. La FNEEQ a profité de l’invitation pour présenter son travail et se faire connaître par le mouvement de solidarité ontarien, plus important qu’au Québec il faut bien le dire. Manawell Abdul Al du comité exécutif de la Fédération générale des syndicats palestiniens (FGSP) s’est adressé à la salle en faisant état de la situation très précaire des travailleuses et des travailleurs palestiniens. Il a notamment martelé et démontré par de nombreux exemples le manque de représentation du syndicat israélien Histadrout envers les travailleurs palestiniens détenant la citoyenneté israélienne. Deux poids, deux mesures! L’Histadrout ne pourrait échapper à des plaintes de travailleurs palestiniens pour absence de représentation, si une telle mesure existait dans le droit du travail israélien.
Par ailleurs, le secrétaire de la Confédération des travailleurs haïtiens Paul Loulou Chery était également présent.,Il a fait état de similitudes entre la situation des travailleurs de son pays et celle des Palestiniens. Cette situation s’est dégradée considérablement depuis le coup d’État de 2004. Il a dénoncé «l’occupation des institutions haïtiennes par les États-Unis, le Canada, la France et l’ONU».
Néolibéralisme et occupation
La solidarité avec la Palestine est partie intégrante de la lutte contre le néolibéralisme. En effet, le projet d’un Nouveau Moyen-Orient, tel que développé par Condoleeza Rice, constitue la clé pour comprendre la domination américaine sur cette région du monde, avec l’appui d’Israël. Les éléments constitutifs du soutien à ce grand projet américain de «développement» au Moyen Orient reposent entre autres sur trois éléments : la signature d’accords de libre-échange entre Israël et des gouvernements arabes pro-américains; la constitution d’un espace politique entre six pays du golfe persique, regroupé dans le Gulf Corporation Council (GCC); la normalisation de l’importance géostratégique de l’État d’Israël.
Les efforts de paix des gouvernements occidentaux ont plus à voir avec une sécurité des transferts de capitaux que celle du peuple palestinien. Ces projets d’entente ou feuilles de route (Oslo, Annapolis, etc.) doivent être vus comme des efforts de normalisation des relations (économiques) plutôt qu’une réelle volonté de paix durable. Ce plan de normalisation intègre les colonies israéliennes en Cisjordanie. Un système de routes très larges, à usage exclusif des Israéliens, relie déjà Israël, la Mer, les colonies à la Jordanie où des zones franches (Qualifying Industrial Zone – QIZ) de productions manufacturières existent déjà. La Palestine est tout simplement «dans le chemin».
Lire l’entrevue de Jooneed Khan avec Manawell Abdul Al, dans La Presse du 2 juin en cliquant ici.
http://www.mondialisation.ca/index.php?context=viewArticle&code=DAR20061211&articleId=4126
¹ Groupes et syndicats présents :
En plus de la présence de Manawell Abdul Al, du comité exécutif de la Fédération générale des syndicats palestiniens (FGSP), on dénombrait les organisations syndicales suivantes qui ont voté une recommandation en lien avec l’appel de la société civile palestinienne pour une campagne de boycott, sanction et désinvestissement :
- Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ-CSN)
- Syndicat des travailleuses et des travailleurs des postes (STTP) du Canada
- Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) en Ontario : voir la résolution 50 – (http://www.cupe.on.ca/doc.php?subject_id=51&lang=en)
- Était également présent, un membre du COSATU (Congress of South African Trade Unions), confédération syndicale sud-africaine qui a aussi adopté une telle résolution.
On retrouvait aussi des représentants des organisations syndicales suivantes:
- Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) en Colombie-Britannique
- Fédération des enseignants-tes des écoles secondaires de l’Ontario (OSSTF)
- Communication Workers of America (local 9415)
- Syndicat des Métallos
- on notait aussi la présence de Sam Gindin, ex-salarié et représentant des Travailleurs canadiens de l’automobile (TCA/CAW)
Des représentants des organismes américains para-syndicaux
- United Teachers of Los Angeles
- US labour against the war
Des militants et militantes d’organisations canadiennes et québécoises suivantes :
- Tadamon!
- PAJU (Palestiniens et Juifs unis)
- Coalition Against Israeli Apartheid (CAIA)