C’est sans préambule que la Commission des jeunes de l’Action démocratique du Québec (CDJ-ADQ) va s’attaquer à l’intégrité du réseau des cégeps au cours de son congrès qui se déroule cette fin de semaine à Lévis. En effet, les jeunes de l’ADQ se pencheront sur une proposition visant à éliminer la formation préuniversitaire collégiale pour la remplacer par une année préparatoire au secondaire et une septième année au primaire. Cinq organisations syndicales et étudiantes; la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ), le Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ), la Fédération des enseignantes et enseignants de cégeps (FEC-CSQ), la Fédération du personnel professionnel des collèges (FPPC-CSQ) et la Fédération nationale des enseignantes et enseignants du Québec (FNEEQ-CSN) se sont dites étonnées de ce nouvel excès de zèle de la part de l’aile jeunesse de ce parti. Pourquoi ramener ce débat si ce n’est pour attirer l’attention sur ce parti qui prend l’eau ?
Tenter de ramener un débat sur cette question apparaît tout à fait déconnecté de la réalité actuelle, surtout depuis les conclusions du Forum sur l’enseignement collégial tenu en 2004. Rappelons que l’ADQ avait nié avoir de telles intentions en novembre 2007, se dissociant des propos tenus par son numéro deux de l’époque, Gilles Taillon, actuel candidat à la chefferie. Ce dernier avait proposé d’abolir la formation préuniversitaire pour la remplacer par une année préparatoire au secondaire et le porte-parole adéquiste en matière d’Éducation, François Desrochers, avait affirmé que M. Taillon avait «peut-être réfléchi à voix haute». Vu la réaction qu’avait suscité la déclaration de Gilles Taillon à l’époque, peut-être les jeunes adéquistes pensent-ils donner un peu de visibilité à leur parti qui en manque cruellement depuis son désastre électoral de l’an dernier.
Cette proposition, comme celle qu’entend maintenant examiner la CDJ, est tout à fait impertinente, puisqu’elle remettrait en question l’intégrité du réseau collégial public, pourtant considéré notamment comme un puissant levier de développement régional. En plus de former une main-d’oeuvre qualifiée et de diminuer l’impact de l’exode des jeunes en régions, les cégeps, par leur volet préuniversitaire, permettent aux jeunes Québécoises et aux jeunes Québécois d’obtenir une spécialisation à faible coût avant d’entamer des études universitaires. Le bagage commun acquis en formation préuniversitaire et technique assure également une certaine uniformité de formation essentielle pour affronter les prochains défis du marché du travail.
Le réseau des cégeps a permis au Québec de se hisser au premier rang du taux de diplomation au niveau postsecondaire (collégial et universitaire) au pays, se situant à 69% pour les jeunes de 25 à 29 ans, alors qu’il oscille entre 54% et 63% dans le reste du Canada. Une statistique cruciale pour l’avenir économique du Québec puisque la majorité des 700 000 emplois à combler d’ici 2012 nécessiteront un diplôme d’études techniques ou supérieur.
Les organisations signataires appellent donc les jeunes adéquistes à reconnaître plutôt la contribution exceptionnelle du réseau collégial québécois à son développement économique, social et culturel en abandonnant l’idée loufoque de son démantèlement. Elles somment également les différents candidats à la chefferie de se positionner sur la question au cours de la fin de semaine, puisqu’ils en auront l’occasion au cours du débat qui les opposera les uns aux autres dimanche.
– 30 –
Contact:
Ariane Brisson, FECQ, 514 554-0576
Pierre Cohen-Bacrie, SPGQ, 450 975-6470
Dany St-Jean, FEC-CSQ, et FPPC-CSQ, 514 212-5457
France Desaulniers, FNEEQ (CSN), 514 219-2947