Les organisations syndicales nationales dans les établissements d’enseignement supérieur affiliées à la CSN ont vivement réagi au dépôt par la ministre de l’Éducation, du Loisir et du Sport (MELS), aujourd’hui, des projets de loi 38 et 44 qui visent à modifier la gouvernance des universités et des cégeps.
«Mettre sur la table des projets de loi de cette ampleur, à un moment où les collèges et les universités tournent au ralenti, c’est déjà inacceptable, a déclaré la vice-présidente de la CSN, Denise Boucher, responsable des dossiers d’éducation. Nous constatons de plus que les projets de loi comportent fort peu de modifications par rapport à ceux qu’avait annoncés la ministre l’hiver dernier, et qui avaient déjà été très critiqués».
Ces projets confirment les appréhensions déjà exprimées par la CSN comme par ses trois fédérations directement interpellées, soit la Fédération des professionnèles (FP), la Fédération des employées et des employés de services publics (FEESP) et la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ). Toutes trois estiment que les orientations de ces projets de loi peuvent porter préjudice à la dynamique des établissements universitaires et collégiaux.
«Appliquer à l’enseignement supérieur des modes de gestion importés du secteur privé, c’est indéfendable, a déclaré de son côté Jean Trudelle, président de la FNEEQ. La proximité des enseignantes et des enseignants avec la mission des universités et des cégeps commande, au contraire, une participation active des personnels aux processus de décisions. En ce sens, il faudrait renforcer la collégialité dans la gouverne de l’enseignement supérieur et non la restreindre sans raison».
«La représentation par un seul membre du personnel autre que le personnel enseignant, au conseil d’administration risque fort de laisser de côté le personnel de soutien des collèges», entrevoit par ailleurs Ginette Guérin, présidente de la FEESP.
Les changements proposés sont d’autant moins utiles que rien, dans les modes actuels de gouvernance, ne les justifie. «Les déboires de l’UQAM constituent un prétexte pour imposer aux établissements universitaires un type de gouvernance qui s’éloigne de leur culture organisationnelle, affirme Michel Tremblay, président de la FP. C’est d’autant moins crédible que dans le dérapage de l’Ilôt Voyageur, ce sont les membres internes qui, mieux informés, posaient le plus de questions»!
Il est clair, pour les trois fédérations, que toute exclusion d’un groupe interne de ce forum de gouvernance qu’est le conseil d’administration constitue un désaveu de leur rôle dans le collège ou l’université. Mais les projets de loi soulèvent bien d’autres problèmes, notamment l’imposition d’un modèle unique à des établissements dont la taille est très variable.
La CSN et ses organisations affiliées appellent donc la ministre Courchesne à revoir sa position et à prêter attention aux commentaires qu’elles soumettront lors des consultations publiques qui se dérouleront à l’automne. «Nous espérons que Mme Courchesne saura être à l’écoute de celles et de ceux qui, quotidiennement, oeuvrent dans les établissements visés et qu’elle envisagera le retrait de ces projets de loi», conclut Denise Boucher.
Affiliées à la CSN, qui représente 300 000 salarié-es au Québec, la FP représente des professeurs-es et des professionnels d’université, la FEESP représente les deux tiers du personnel de soutien des cégeps et la FNEEQ représente les trois quarts du personnel enseignant dans les cégeps, la vaste majorité des chargées et chargés de cours des universités, les tuteurs et tutrices de la TÉLUQ et les auxiliaires d’enseignement de McGill.
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