Les quatre syndicats de l’UQAM reçoivent avec satisfaction le Rapport du Vérificateur général du Québec. Nous acquiesçons à l’identification des grands facteurs à l’origine de la situation financière catastrophique dans laquelle notre Université se retrouve aujourd’hui.
À la lumière du Rapport, il apparaît que la responsabilité de l’ancien recteur, de son vice-recteur aux Affaires administratives et du directeur des Investissements est indéniable, et s’il y a matière à poursuite, le dossier doit suivre son cours. Si leur responsabilité est indéniable, pour autant, elle n’est pas exclusive, car c’est toute la chaîne d’approbation et de contrôle budgétaire des projets immobiliers de l’UQAM qui a failli à la tâche.
Au premier chef, le Conseil d’administration de l’UQAM et, plus encore, son Comité de vérification qui «n’a tenu aucune réunion portant sur les projets immobiliers entre l’automne 2003 et l’automne 2006». On comprendrait mal, au lendemain du verdict sans appel du Vérificateur général, que les membres de ce Comité encore en poste aujourd’hui le demeurent, alors que leur tâche était précisément de vérifier périodiquement l’état de l’évolution des grandes enveloppes budgétaires de l’UQAM.
Au-delà de l’UQAM, le rapport du Vérificateur général pointe de façon explicite la responsabilité du siège social de l’UQ et de l’Assemblée des gouverneurs. Manifestement, ces deux instances ont fait gravement défaut à leur responsabilité statutaire d’examiner avec rigueur les projets d’envergure que l’UQAM leur a demandé d’approuver. Comme, depuis la mise au jour de la dérive immobilière, l’Université du Québec n’a été, de surcroît, d’aucun soutien pour l’UQAM, le retrait de notre Université du réseau de l’UQ nous apparaît aujourd’hui d’une nécessité absolue. Dorénavant, le seul interlocuteur pour l’UQAM, c’est le gouvernement du Québec et son ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport.
À cet égard, après avoir rappelé que le MELS doit s’assurer que les universités disposent d’un parc immobilier conforme à leurs activités d’enseignement, le Vérificateur général relève avec justesse l’absence de règles adéquates du Ministère pour leurs projets immobiliers. Tel que souligné dans le rapport, le MELS manque de critères pertinents et prévisibles et de mesures d’accompagnement pour la gestion des projets immobiliers. En outre, il ne fait pas de suivi rigoureux de leur situation financière.
Tout en partageant cette analyse, nous faisons le constat, pour notre part, que depuis plusieurs années le Ministère contraint les universités à financer autrement que par ses subventions le développement de leurs projets immobiliers. Par l’intermédiaire de l’émission d’obligations ou du partenariat public-privé, le montage financier est devenu un paravent, ensuite une mode et plus récemment un château de cartes. Dans le cas de l’UQAM, celui-ci s’est écroulé. En novembre dernier, le Vérificateur général avait d’ailleurs conclu, dans la première partie de son Rapport, à l’impossibilité pour l’UQAM de se sortir seule de la crise financière liée au dérapage de ses projets immobiliers «tout en respectant sa mission d’enseignement et de recherche».
C’est pourquoi, nous continuons à réclamer le retrait – annoncé il y a près de neuf mois mais toujours pas réalisé – de l’îlot Voyageur et de sa facture du périmètre financier de l’UQAM, ainsi que le paiement du Complexe des sciences terminé depuis deux ans. Le Ministère doit enfin procéder sans plus tarder au versement des subventions conditionnelles et des frais d’intérêts engendrés par les emprunts. Selon le budget actuel de l’UQAM, le déficit de fonctionnement est de moins d’un million de dollars, et pourtant 65 millions sont encore retenus en attendant l’équilibre!
La dérive immobilière de l’UQAM a été engendrée par le sous-financement chronique que subit notre Université depuis des années et le déficit d’espace, causé pour sa part par le développement soutenu des activités d’enseignement et de recherche. Ainsi, seul un réinvestissement public massif et une gouvernance à la collégialité renforcée sauront permettre à l’UQAM de se développer et de fonctionner adéquatement afin de se sortir du bourbier dans lequel on la maintient depuis des mois.
En terminant, les quatre syndicats de l’UQAM notent également avec satisfaction que la direction actuelle de l’UQAM reconnaît enfin, dans ses commentaires au Rapport du Vérificateur général, que: «les étudiants, les professeurs, les chargés de cours, les employés et les cadres de l’UQAM ne sauraient être punis pour les erreurs commises par d’autres et des faits et gestes sur lesquels ils n’avaient aucune prise. Au nom de la justice et du fait qu’ils constituent les œuvres vives de l’université, ils doivent être tenus indemnes des conséquences financières de ce qu’on a appelé la dérive immobilière de l’UQAM».
La communauté de l’UQAM n’a pas à payer : nous le clamons depuis le début de la crise. La justice et l’équité sont ce que nous n’avons eu de cesse de revendiquer.
Le Syndicat des professeurs et professeures de l’UQAM
Le Syndicat des chargées et chargés de cours de l’UQAM
Le Syndicat des employées et employés de l’UQAM
Le Syndicat des étudiant-e-s employé-e-s d l’UQAM