La FNEEQ, principale organisation syndicale dans les cégeps, a vivement dénoncé l’injonction provisoire décrétée aujourd’hui, à Alma, obligeant l’association étudiante du cégep à interrompre une grève démocratiquement votée.
Ce jugement comporte des éléments pour le moins surprenants. La FNEEQ ne peut guère comprendre la référence au droit du travail que fait le juge Lemelin. Cela s’avère impertinent, car même le droit de grève des travailleuses et des travailleurs précède l’existence du Code du travail. En outre, les droits et libertés des étudiantes et des étudiants ne sont aucunement considérés. De plus, cette décision ne souligne pas les critères juridiques que sont l’urgence, le caractère irréparable du préjudice ou l’apparence de droit de la requérante.
La judiciarisation, dans un mouvement social de l’envergure que connait le Québec actuellement, apparait tout à fait déplacée et augmente singulièrement les risques de dérapages, que l’absence d’ouverture du gouvernement a déjà sérieusement générés.
«Le jugement lui-même semble bâclé», a signifié le président de la FNEEQ, Jean Trudelle. «On n’y retrouve aucune trace des critères habituellement utilisés pour imposer une telle injonction. Tout donne l’impression d’une intrusion juridique injustifiée dans le contexte actuel».
Éric Galarneau, président du Syndicat des enseignantes et des enseignants du Collège d’Alma, s’est dit inquiet des conséquences de cette injonction sur le climat interne du collège. Il est également outré de ce jugement. «Les privilèges d’un individu ont préséance sur le choix collectif d’appuyer la cause sociale de l’égalité des chances en matière d’enseignement supérieur», a-t-il déclaré.
La FNEEQ appelle le gouvernement à faire preuve d’ouverture. «Ça prend quoi pour qu’un gouvernement entende la population?», demande Jean Trudelle. «Pourra-t-on blâmer les étudiantes et les étudiants de hausser le ton si 200 000 personnes dans la rue ne provoquent pas la moindre ouverture crédible chez les élus?» conclut-il.
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