La présidente du Syndicat des tuteurs et des tutrices de la Télé-université, Sylvie Pelletier, accompagnée d’une dizaine de collègues, a expliqué au Conseil fédéral de la FNEEQ la raison du ras-le-bol des tuteurs et des tutrices de la Téluq, ras-le-bol qui les a amenés à se prononcer à 97% en faveur d’une grève générale illimitée. Nous livrons ici l’essentiel de son message.
Le Syndicat des tuteurs et des tutrices, qui regroupe quelque 140 membres, négocie depuis près de deux ans pour le renouvellement de sa convention collective. Les tuteurs et tutrices sont syndiqués depuis 1992, mais ont joint les rangs de la FNEEQ en 2003. C’est à ce moment qu’ils ont réussi à obtenir une première convention collective digne de ce nom, et ce, après deux ans d’une dure bataille syndicale. C’est cette bataille pour la reconnaissance professionnelle qui se poursuit actuellement.
Pour ceux qui ne connaissent pas les tuteurs, ceux-ci sont des enseignants qui encadrent des étudiants dans des cours universitaires offerts à distance. Ils assurent le service aux étudiants à partir de leur domicile et sont reliés par Internet à un campus virtuel. À la Téluq, les étudiants peuvent s’inscrire et débuter leur cours en tout temps durant l’année, ce qui implique que les tuteurs travaillent 12 mois par année, sans interruption. L’an dernier, les tuteurs et tutrices ont encadré plus de 28 000 étudiants inscrits dans quelque 300 cours.
Les enjeux
Pour effectuer leur travail, les tuteurs sont payés 104$ par étudiant. En théorie, un tuteur peut gagner jusqu’à 62 000$ par année, mais bien peu peuvent aspirer à ce salaire. Dans les faits, les tuteurs et tutrices en simple emploi gagnent en moyenne 30 000$ par année et, rappelons-le, sont au travail 12 mois. L’Employeur ne perd pas une occasion de clamer que les tuteurs sont grassement payés pour des employés qui ont le privilège de travailler à la maison, «sans surveillance».
Étant considérés par la Téluq comme des employés surnuméraires, les tuteurs et tutrices n’ont droit qu’au minimum pour ce qui est des avantages sociaux. Ils ont droit à deux semaines de congé de maladie et à quatre semaines de vacances payés par année, mais à condition de reprendre le travail là où ils l’ont laissé, car ils ne sont pas remplacés auprès des étudiants.
Après 20 mois de négociation, l’Employeur offre un maigre 2% d’augmentation par année, et ce, même si les émoluments accordés aux tuteurs (salaires et avantages) représentent moins de 11% des dépenses de fonctionnement de la Télé-université. Au chapitre des avantages sociaux, mentionnons seulement le refus d’accorder un congé sans solde entre le 24 décembre et le 2 janvier.
Le plus navrant, c’est que l’Employeur a les moyens de payer ce que les tuteurs revendiquent. En effet, la Télé-université a accumulé un surplus de 1,6 M de dollars cette année.
Malgré un vote de grève à 97%, la Téluq ne bronche pas. Elle a même commencé à sévir contre les nombreux tuteurs qui suivent le mot d’ordre du Syndicat et n’enregistrent plus les travaux notés de leurs étudiantes et de leurs étudiants. Il ne reste qu’une carte à jouer: la grève. En 35 ans d’existence, La Télé-université n’a jamais vécu de grève. Les tuteurs sont convaincus qu’elle ne pourra pas dire non indéfiniment sans menacer sa pérennité et entacher sa réputation.