Pascale Déry assume les fonctions de ministre de l’Enseignement supérieur depuis près de deux ans et demi. Le moins que l’on puisse dire, c’est que son mandat n’a rien d’éclatant et que le lien de confiance avec le milieu est proche de zéro. 

Sur l’IA, il lui a fallu plus d’un an et un rapport du Conseil supérieur de l’éducation pour amorcer de véritables travaux visant à baliser cette technologie. 

Sur le financement, ce que l’on voit, ce ne sont que des coupes et des compressions : la nouvelle politique de financement des universités à coût nul, des politiques incohérentes en matière d’immigration qui mesurent mal l’effet sur les établissements collégiaux et universitaires, un sous-financement chronique du déficit d’entretien des établissements, le gel des embauches et le plafonnement des heures de rémunération ainsi que le non-renouvellement de mesures phares des plans d’action sur la réussite ou sur les violences à caractère sexuel. Sera-t-elle capable d’aller chercher plus que l’insignifiant 0,3 % d’augmentation du budget de l’Enseignement supérieur prévu lors de la dernière mise à jour économique ?

Malgré nos avertissements, elle a persisté à maintenir sans changement le programme des bourses Perspective Québec. Alors qu’elle doit obéir à la commande du Conseil du trésor, elle décide d’abolir ce programme, mais ne réinjecte pas les 250 M$ ainsi coupés dans l’aide aux étudiant·es, dont la précarité financière a été démontrée. 

Comme si ce n’était pas suffisant, la ministre s’est donné comme mission de s’en prendre à la liberté académique. Après avoir bloqué sans motif valable la nomination d’une professeure, pourtant élue par ses pairs, au CA de l’INRS il y a quelques mois, elle s’en prend directement au contenu des cours enseignés dans les cégeps, abusant ainsi de son autorité de ministre au nom de ses convictions politiques personnelles. Alors que nous demandons clairement à Mme Déry d’arrêter ses ingérences et de mieux protéger la liberté académique, notamment en annulant les enquêtes déclenchées sous des prétextes fallacieux à Vanier et Dawson, elle ose affirmer à l’Assemblée nationale qu’elle continuera à se mêler de ce qui ne la regarde pas. 

L’enseignement supérieur mérite mieux. Nous méritons une ministre qui connaît le milieu et respecte ses principes fondamentaux, une ministre capable de défendre les réseaux des cégeps et des universités, bref une ministre qui est sensible à l’enseignement supérieur et qui l’aime.

Pascale Déry peut-elle encore être cette personne ?