En ce 22 novembre, la Journée nationale des chargées et chargés de cours rappelle que le personnel enseignant précarisé a « du cours à l’ouvrage ». Par ce slogan, il s’agit de bien illustrer le dévouement personnel ainsi que les multiples tâches qu’accomplissent dans les universités les 12 000 membres représenté·es par la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ–CSN).

Alors que ces personnes enseignantes donnent plus de la moitié des cours de premier cycle, elles défendent plus que jamais l’importance de l’intégralité de leurs tâches pour ne jamais être remplacées, en tout ou en partie, par l’intelligence artificielle ou toutes autres technologies qui favorisent la déshumanisation de l’enseignement.

« La préparation des cours, la transmission des savoirs, l’accompagnement des personnes étudiantes, le suivi personnalisé, la correction et la sanction de la réussite font partie d’un tout indissociable. Il faut impérativement protéger l’intégralité de notre profession contre la multiplication des attaques qui menacent nos conditions de travail, notre représentation dans l’université et notre liberté académique. »
Christine Gauthier
Vice-présidente de la FNEEQ–CSN, responsable du regroupement université

L’intelligence émotionnelle comme antidote à l’intelligence artificielle

Au nom du « progrès », de plus en plus d’universités testent ou utilisent des outils technologiques susceptibles d’accomplir certaines tâches qui font pourtant partie de l’acte d’enseigner. « Or, il faut toujours que l’être humain soit au cœur de l’enseignement, la meilleure façon de soutenir la motivation des étudiant·es et de s’assurer qu’ils suivent des processus d’apprentissage efficaces. On assiste actuellement à une forme de décharge cognitive chez la population étudiante, alors que les outils d’IA font miroiter des apprentissages facilités », s’inquiète Christine Gauthier. Dans ce contexte, qu’en est-il de la capacité à développer une pensée critique et complexe ?

Rappelons que ces attaques sont un dérivé direct de la marchandisation du savoir. Le gouvernement québécois sous-finance les universités et, en conséquence, a accentué au fil des ans leur dépendance aux revenus des étudiant·es internationaux. Ironiquement, il veut maintenant imposer un sevrage aux établissements (PL74) tout en gelant le financement par l’État. « Est-ce que les technologies seront introduites ou imposées dans les classes bien plus par souci d’économies que pour leur apport véritable à la transmission du savoir ? », se questionne Christine Gauthier.

Les chargées et chargés de cours de la FNEEQ–CSN sont d’ailleurs invité·es, sur l’heure du midi aujourd’hui ce 22 novembre, à réfléchir à ces enjeux lors d’une conférence suivie d’une discussion en ligne, intitulée : L’humain face à l’IA en enseignement supérieur : quels impacts ?