C’est une stratégie que l’on enseigne dans les premiers cours de marketing et de communication : publier une nouvelle un vendredi ou au début des vacances. La ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry, journaliste et relationniste de profession, a bien assimilé ce principe.
Alors que le milieu universitaire terminait les corrections du trimestre hivernal, la ministre dévoilait la nouvelle politique de financement des universités à la mi-juin. Quatre jours plus tard, au déclenchement des vacances dans les cégeps, la politicienne diffusait le rapport du groupe de travail sur les « cours défis », soit les premiers cours de philo et de littérature, pourtant reçu il y a un an. À propos de l’intelligence artificielle, alors que la technologie se propage dans les cellulaires, le silence de la ministre se transforme en courant d’air.
En ce qui a trait aux « cours défis » au cégep, les recommandations du groupe de travail regorgent d’idées ambitieuses pour promouvoir et améliorer la formation générale. Or, le dernier budget Girard ne permet pas d’assumer les coûts fixes. Les solutions qui ressortiront des discussions de l’automne prochain seront-elles soumises au carcan budgétaire caquiste ?
Enfin, les profs qui viennent de passer des heures à corriger vous confirmeront combien ils se sentent seuls face à l’intelligence artificielle générative. L’IA se complexifie et le plagiat sophistiqué qu’elle rend possible devient quasi impossible à prouver. Au lieu d’améliorer le contenu des cours, ces personnes enseignantes doivent-elles se résoudre à devenir des polices de la tricherie ? Alors que, depuis plusieurs semaines, la ministre dispose du rapport fort pertinent du Conseil supérieur de l’éducation, elle évite de jouer son rôle de leader réunissant les acteurs du réseau pour établir un encadrement de l’IA.
Défendre l’enseignement supérieur ?
Sérieusement, les membres de notre fédération, qui représente 85 % des profs de cégep et 80 % du personnel chargé de cours universitaire, se demandent si la ministre souhaite vraiment défendre le réseau de l’enseignement supérieur auprès de ses collègues et du premier ministre.
Après six ans de gouvernement caquiste, après l’absence gênante de l’ex-ministre Danielle McCann, l’enseignement supérieur est en droit d’exiger une titulaire du portefeuille qui défend de manière acharnée un réseau plaçant l’être humain au cœur de ses priorités et qui soutient un refinancement public, adéquat, inconditionnel et prévisible des établissements plutôt que d’être la vitrine du trio économique du Gouvernement.