Lors de la réunion du conseil confédéral de la CSN, du 13 au 16 mars 2007, la FNEEQ a défendu une position différente de celle présentée par le comité exécutif de la CSN. Dans le respect du fonctionnement démocratique de cette instance, la délégation de la FNEEQ a proposé un amendement à la position présentée, afin de donner à l’orientation soumise une perspective qui permette d’exprimer les valeurs syndicales tout autant que la pluralité des positions des membres des syndicats qu’elle représente.
«Afin de contribuer à la discussion permettant d’identifier quel parti politique appuyer», la proposition soumise au conseil confédéral et adoptée par ce dernier invite à «choisir le parti dont les valeurs, les actions, la clarté des engagements autant que la capacité de les réaliser correspondent au plus près aux orientations de la CSN».
Cette recommandation venait coiffer une analyse, bien faite au demeurant, des programmes des différents partis. Elle constituait aussi l’aboutissement d’un regard porté sur la situation actuelle. Mais à la lumière de l’économie générale du texte soumis, il était clair que cette position se résumait à inciter à appuyer un seul parti, le Parti Québécois.
La délégation de la FNEEQ a évalué cette attitude incompatible avec la position suivante que le 27e Congrès fédéral de juin dernier a référée au Bureau fédéral où elle a été adoptée à l’unanimité:
«de continuer à promouvoir la construction d’une alternative politique progressiste, en rupture avec les partis ayant soutenu ou soutenant des positions néolibérales».
Cette position ne traduit pas, en soi, une incitation à voter pour Québec solidaire. Cependant, choisir de promouvoir une analyse débouchant sur l’appui au seul Parti Québécois apparaît non seulement impropre à traduire l’indépendance politique dont le mouvement syndical doit témoigner à l’endroit d’un parti qui pourrait prendre le pouvoir, mais est également incompatible avec la position FNEEQ prise par le bureau fédéral, en ce qu’elle manque d’ouverture à l’égard d’un autre parti manifestement beaucoup plus proche des valeurs CSN. Dans la discussion, tout en reconnaissant l’intérêt de certaines mesures progressistes de la plate-forme électorale du Parti Québécois, la FNEEQ a considéré que l’orientation mise en avant faisait preuve d’une vision trop utilitaire de l’action syndicale.
Les arguments présentés lors du débat nous ont paru peu convaincants. La crainte de voir Jean Charest garder le pouvoir semble obnubiler toutes les analyses et, à notre sens, faire perdre de vue nos valeurs syndicales les plus profondes. Si nous voulons promouvoir une alternative politique progressiste, nous ne pouvons nous rendre à ces arguments. Comment un parti constituant une telle alternative pourra-t-il se développer si ses propres alliés naturels écartent la possibilité de voter pour lui?
Rappelons que le Parti Québécois présente aussi une feuille de route qui démontre qu’il peut sabrer dans les services publics et adopter des politiques d’austérité, ce qu’il a fait, entre autres, dans les années 90 sous le gouvernement de Lucien Bouchard. Si on se fie aux positions prises par André Boisclair concernant le personnel salarié du secteur public et du mouvement syndical en général, il y a là peu de choses pour rassurer. Enfin, malgré les positions électorales du Parti Québécois, nous sommes loin des réformes fiscales que nous revendiquons par ailleurs.
Les amendements proposés par la FNEEQ et par le Conseil central du Montréal Métropolitain visaient à donner à la recommandation soumise un minimum d’ouverture dans un contexte politique dont tous reconnaissent la difficulté. Comme cela s’est avéré impossible, les délégué-es de la FNEEQ ont enregistré leur dissidence auprès de la secrétaire générale du conseil confédéral; nous tenions à en informer nos syndicats.