Devant les membres de la Commission de l’Éducation qui étudient les projets de loi déposés par la ministre de l’Éducation, du Loisir et du Sport (MELS), Michelle Courchesne, au sujet de la gouvernance dans les universités et les cégeps, la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ) a plaidé ce matin en faveur du retrait de ces projets de loi.
L’inquiétude cède la place à l’irritation
De nombreux intervenants du milieu de l’éducation avaient fortement critiqué les orientations mises de l’avant par la ministre l’hiver dernier. Pourtant, les projets de loi qui ont été déposés au début de l’été n’ont pas tenu compte des observations qui témoignaient de la difficulté de leur mise en application.
«La ministre a beau dire qu’elle consulte, elle ne semble pas porter une oreille attentive aux commentaires qui lui sont transmis», déplore Jean Trudelle, président de la FNEEQ (CSN). Les représentants de la FNEEQ souhaitent aujourd’hui alerter les membres de la commission des dangers appréhendés par les modifications envisagées.
Un modèle inapproprié
«Nous l’avons déjà dit, vouloir appliquer à l’enseignement supérieur des modes de gestion importés du secteur privé, c’est inapproprié, poursuit monsieur Trudelle. La proximité des enseignantes et des enseignants avec la mission des universités et des cégeps commande une participation active des personnels aux processus de décision. En ce sens, il faudrait renforcer la collégialité dans la gouverne de l’enseignement supérieur et non la restreindre sans raison», affirme-t-il.
La FNEEQ estime que ni dans le cas des universités, ni dans celui des cégeps, il est pertinent d’imposer un modèle de gouvernance importé de la sphère du privé, qui fait fi des caractéristiques de l’enseignement supérieur, et dont les prescriptions plus que détaillées laissent peu de place à la culture et aux pratiques locales. En effet, la centralisation des pouvoirs aux mains de quelques administrateurs n’est pas un modèle souhaitable pour des établissements d’enseignement.
«Les déconvenues de l’UQAM semblent avoir servi de prétexte pour tenter d’imposer aux établissements universitaires un type de gouvernance impropre à la culture organisationnelle, argue Marie Blais, vice-présidente de la FNEEQ. Pourtant, ce sont les membres internes qui sont les plus aptes à questionner, puisqu’ils sont mieux informés et qu’ils connaissent la réalité des établissements». Imposer un modèle unique à des établissements dont la taille et les effectifs sont diversifiés porte atteinte à leur dynamique.
La reddition de comptes va de soi
Bien que la FNEEQ souscrive à la nécessité d’une reddition de comptes des établissements d’enseignement supérieur, elle considère que les moyens qui ont cours actuellement sont suffisants. Les universités et les cégeps du Québec pratiquent une gestion fondée sur une culture propre et un modèle de collégialité qui s’apparente beaucoup au nouveau paradigme d’une gouvernance partagée.
«Rendre compte des fonds publics que les universités et les cégeps utilisent va de soi», mentionne Jean Trudelle. «Mais instaurer un contrôle administratif tentaculaire qui fait en sorte que les pouvoirs sont concentrés vers les conseils d’administration, que leur fonctionnement démocratique interne, universitaire ou collégial, passe au second plan, que leur planification est uniformisée et normalisée entre les établissements, ne relève pas d’une meilleure gouvernance». affirme-t-il. Tel que rédigés, les projets de loi favorisent une confusion des structures et des responsabilités, à la faveur d’un glissement de rôle, pour les CA, de la surveillance à l’exécution.
Pour une plus grande collégialité
Les projets de loi qui sont à l’étude ne reconnaissent pas le rôle majeur que doivent jouer les communautés universitaire et collégiale dans les décisions collectives concernant les orientations, la mise en œuvre des missions ainsi que la bonne marche des établissements d’enseignement supérieur. Pour la FNEEQ, cette participation continue aux débats publics qui engagent l’avenir et les missions des universités et des cégeps est essentielle et c’est pourquoi la ministre devrait remiser les projets de loi 38 et 44.
Quelques mots au sujet de la FNEEQ
La Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec, FNEEQ, est affiliée à la CSN. Fondée en 1969, elle compte actuellement 83 syndicats et représente près de 25 000 membres dans 41 cégeps, dans 30 établissements d’enseignement privés et dans une douzaine d’institutions universitaires, dont 8 syndicats de chargées et chargés de cours, le syndicat des tutrices et des tuteurs de la Télé Université, le syndicat des maîtres de langue seconde de l’Université Laval, l’Association des étudiants salariés diplômés de l’Université McGill et les chargées et chargés d’enseignement de l’ÉTS. Par sa composition, la FNEEQ (CSN) couvre tous les niveaux d’enseignement partagés entre le secteur public et le secteur privé de l’éducation.
Elle est l’organisation syndicale la plus représentative de l’enseignement supérieur au Québec.
– 30 –
Pour renseignements et demandes d’entrevue:
France Désaulniers
Conseillère aux communications
FNEEQ
514 219-2947