A l’occasion de la rentrée scolaire dans les cégeps, la présidente de la Confédération des syndicats nationaux (CSN), Claudette Carbonneau, déplore le manque de transparence du ministre de l’Education, Pierre Reid, quant à l’avenir du réseau collégial. «Encore une fois, le ministre poursuit ses réflexions en vase clos. Resté sourd à l’appel de la CSN et de nombreuses autres organisations qui ont demandé à être associées à la poursuite des travaux, le ministre fait fi de la présence de partenaires. Il a réfléchi cet été -avec ses collaborateurs – en secret, et nous annonce que l’on connaîtra ses résultats à l’automne. Serons-nous mis devant un fait accompli lors du Forum national d’octobre?», questionne la présidente de la CSN.
Pour le ministre de l’Education, la solution à tous les problèmes du réseau collégial passe par l’autonomie pédagogique et administrative des établissements. Le ministre laisse donc sous-entendre que les collèges ne disposent pas de l’autonomie nécessaire.
Pour le président de la FNEEQ-CSN, Ronald Cameron, «c’est un leurre; les marges de manoeuvre dont disposent actuellement les cégeps leur permettent déjà de répondre aux besoins particuliers d’individus ou de groupes et d’adapter leurs services. Une plus grande autonomie des établissements équivaudrait à éliminer un aspect essentiel de l’enseignement collégial, c’est-à-dire son fonctionnement en réseau.» Pour Ronald Cameron, une plus grande autonomie risque d’engendrer la disparition des programmes nationaux qui sont sanctionnés par des diplômes d’Etat, une force du réseau collégial et un avantage pour les cégépiennes et les cégépiens, peu importe la région dont ils sont originaires. Selon certaines informations, le ministre privilégierait des projets pilotes dirigés par les commissions scolaires et les cégeps pour fusionner les formations professionnelle et technique.
«Pour le ministre de l’Education, tout se réduit à une question de structure», commente la présidente de la CSN, Claudette Carbonneau. «Les cégeps ont évolué au fil des ans en synergie avec les besoins des régions. Dans certaines d’entre elles, les commissions scolaires, les cégeps et les universités ont déjà des projets communs dans certains domaines de la formation professionnelle et technique sans que les structures aient été modifiées. Pourquoi réinventer la roue quand l’heure est à investir sur la base de nos succès?» «Nul besoin de créer des cégeps à géométrie variable.
L’éclatement du réseau risque d’entraîner des iniquités dans l’accès à la formation et le développement des programmes, et une hiérarchisation des établissements. Le morcellement du réseau viendrait pervertir la mission des cégeps et mettre en péril l’accès à un système d’éducation public et démocratique. À quand un palmarès des cégeps? Une offre de formation restreinte dans plusieurs régions, une valeur de diplôme variable, est-ce cela que le Québec veut? Comment la modification de la structure actuelle du réseau collégial améliorera le taux de réussite et réglera la question du déclin démographique et l’exode des jeunes des régions?», s’interroge Claudette Carbonneau. Si le passé est garant de l’avenir, la CSN a raison d’être préoccupée par le sort qui sera dévolu aux cégeps, car le ministre continue de faire cavalier seul sur l’ensemble de ses dossiers. Après avoir clamé qu’il y aurait gel des frais de scolarité au cours de l’actuel mandat du gouvernement, voilà donc que le ministre de l’Education a procédé, sans aucune consultation, à un changement dans les règles d’attribution des prêts et bourses modifiant le ratio entre ceux-ci, ce qui fait porter aux étudiantes et aux étudiants un poids financier supplémentaire. «Son objectif est atteint: l’Etat diminue sa part de financement. Le ministre est fidèle à lui-même et aux orientations du gouvernement libéral : peu importe la grogne, on fonce. L’avenir du réseau collégial mérite mieux», poursuit la présidente de la CSN.
Pour la présidente du secteur cégep de la FEESP-CSN, Marjolaine Côté, «avec tous les changements à venir, la porte risque d’être grande ouverte aux partenariats privé-public, si chers au gouvernement Charest. Les employé-es de soutien, qui continuent de penser qu’ils sont essentiels à la réussite des étudiants, craignent en effet l’arrivée massive des PPP.» La CSN, ses conseils centraux (instances régionales) de même que ses fédérations affiliées qui oeuvrent au collégial – la Fédération des employées et employés des services publics (FEESP) et la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ)- reconnaissent que le développement et la consolidation du réseau sont nécessaires. «Encore faut-il que le ministre nous associe à sa démarche de révision», conclu la présidente de la CSN. Dès la rentrée, la Confédération des syndicats nationaux sera à l’oeuvre, dans les régions, dans les établissements et continuera à travailler étroitement en collaboration avec la Coalition cégeps pour faire en sorte que les cégeps poursuivent leur mission essentielle : offrir aux jeunes et aux adultes de toutes les régions du Québec une formation accessible, gratuite, de qualité et diversifiée.
La CSN représente majoritairement le personnel qui oeuvre dans le réseau collégial. La Fédération des employées et employés de services publics (FEESP- CSN) regroupe plus de 4000 membres au sein du personnel de soutien des cégeps, soit près de 70 %. Quant à la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ-CSN), elle représente plus de 12 500 membres qui enseignent dans les cégeps du Québec, soit près des deux-tiers de l’ensemble des enseignantes et des enseignants de cégep.
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