La Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ-CSN) est surprise de la faiblesse de la réaction du ministre de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, Jean-François Roberge aux révélations sur l’ampleur prise par le campus du cégep de la Gaspésie et des Îles à Montréal. Pour la Fédération, exiger seulement que le campus modifie son site Internet et offre éventuellement des cours en français, c’est passer à côté des vrais enjeux, qui sont le sous-financement du réseau collégial ainsi que la logique de marchandisation de l’éducation et de concurrence entre établissements que celui-ci induit.

Le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur (MEES) a la responsabilité sociale, politique et économique de s’opposer à toute vision expansionniste qui risque de nuire à la cohérence du réseau collégial. Pour Yves de Repentigny, vice-président et responsable du regroupement cégep de la FNEEQ-CSN, le laxisme du ministère équivaut à trahir les idéaux et la mission des cégeps en permettant d’asservir l’éducation collégiale aux impératifs d’un « marché » international. Le ministre doit exiger des comptes aux directions d’établissement qui s’associent, dans des ententes de sous-traitance, avec des entreprises privées pour exploiter financièrement et honteusement des étudiants étrangers qui ne se qualifieront même pas pour le Programme de l’expérience québécoise (PEQ).

C’est le sous-financement du réseau qui a conduit le cégep de la Gaspésie et des Îles tout comme celui de Marie-Victorin à se lancer dans cette aventure d’internationalisation mercantile pour assurer leur mission première. « Cette fois, cependant, ça va trop loin. Le cégep de la Gaspésie et des Îles perçoit dix fois plus que Dawson, un collège anglophone de Montréal, en droits d’inscriptions à la formation continue. Tout ça grâce à un campus situé à 900 km du cégep d’attache! C’est énorme! C’est l’équivalent, tous salaires confondus, d’un cégep de la taille de celui de Valleyfield », souligne Yves de Repentigny.

La Fédération invite le ministre à mettre fin au développement chaotique du réseau collégial, et lui demande de faire les gestes nécessaires pour contrer la sous-traitance, la marchandisation de l’éducation et l’internationalisation comme réponse à son sous-financement.