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Pour une ministre à la défense de l’Enseignement supérieur

« L’enseignement supérieur a besoin d’une ministre qui défendra celui-ci auprès de ses collègues du cabinet, et qui luttera pour un financement correspondant aux besoins des cégeps et des universités. »
Benoît Lacoursière
Président de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ–CSN)

Madame la Ministre,

Permettez-moi d’abord de vous féliciter pour votre nomination à titre de ministre de l’Enseignement supérieur du Québec. Alors que vous êtes plongée dans les cartables de transition, je me permets de souligner quelques caractéristiques de notre milieu et d’attirer votre attention sur les dossiers que nous estimons prioritaires.

Incarné par les universités et les cégeps, l’enseignement supérieur contribue significativement à l’éducation de la population québécoise, à l’avancement scientifique, à la construction d’une société solidaire et à la prospérité économique du Québec. Grâce à des établissements présents dans toutes les régions et à une politique favorisant l’accessibilité financière aux études, en quelques décennies, le Québec est devenu la province canadienne où il y a le plus de personnes détentrices d’un diplôme d’études postsecondaires.

Liberté académique

Le milieu de l’enseignement supérieur a par ailleurs ses particularités. Au cœur de la vie des réseaux collégial et universitaire figurent les principes centraux de liberté académique, de collégialité et d’autonomie professionnelle. Nous estimons qu’il sera de votre responsabilité, à titre de ministre, de défendre ces derniers. Votre gouvernement a déjà agi en ce sens en 2022 en faisant adopter la Loi sur la liberté académique en milieu universitaire et en acceptant d’intégrer une annexe à ce sujet à la convention collective du personnel enseignant des cégeps. Or, votre prédécesseure a largement contrevenu à cette valeur cardinale dans le contexte de ses interventions aux collèges Vanier et Dawson. Nous rappelons et insistons qu’il n’appartient pas à une ministre de s’ingérer dans le contenu de cours ou d’user de ses prérogatives exceptionnelles pour empêcher que l’on aborde des sujets difficiles, entre autres en déclenchant abusivement des enquêtes aussi futiles que nuisibles.

C’est dans cet esprit qu’il nous semble alors qu’une reconnaissance législative explicite de la liberté académique dans les cégeps en y étendant la loi s’appliquant aux universités s’avère nécessaire afin de protéger le réseau collégial de toute forme d’ingérence.

 

Reconnaissance

La FNEEQ–CSN représente 85 % des profs de cégep et 80 % des personnes chargées de cours des universités. Rappelons d’ailleurs que ces dernières enseignent plus de 60 % des cours de premier cycle. Nos membres travaillent avec dévouement afin de favoriser, notamment, la réussite étudiante. Ils souhaitent prendre part aux décisions importantes des établissements et du ministère afin que leur expérience de même que leur expertise y soient prises en considération.

Il importe conséquemment de maintenir et de favoriser, tant au niveau ministériel qu’à celui des cégeps et universités, un dialogue social constant et respectueux avec les actrices et les acteurs du milieu, et que ces personnes participent à la prise des décisions en toute collégialité.

Financement

La contribution de l’enseignement supérieur en termes de réussite étudiante ainsi que de développement économique et social est évidente et exceptionnelle. Cela dit, poursuivre dans cette voie exige des ressources. Il s’avère essentiel de financer les réseaux collégial et universitaire à la hauteur réelle des besoins. Les récentes restrictions budgétaires historiques de 151 M$ dans les cégeps, la baisse de près de 30 M$ des crédits dans les universités, les limitations aux heures rémunérées, le plafonnement imprévu et incohérent du nombre d’étudiant·es de l’international, et les budgets d’investissement insuffisants (alors que respectivement 65 % et 40 % des infrastructures collégiales et universitaires sont en mauvais ou très mauvais état) constituent autant d’irritants pour notre milieu. Déjà, des services aux personnes étudiantes sont coupés et les compressions prévues pour les prochaines années font craindre le pire.

L’enseignement supérieur a besoin d’une ministre qui défendra celui-ci auprès de ses collègues du cabinet, et qui luttera pour un financement correspondant aux besoins des cégeps et des universités.