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L’éducation: un bien collectif précieux

Du 31 janvier au 5 février se tiendra, à Porto Alegre, au Brésil, le second Forum social mondial. La Fédération nationale des enseignantes et enseignants du Québec (FNEEQ-CSN) y sera pour promouvoir un renforcement du rôle de l’État et ainsi permettre une réappropriation de l’éducation par les citoyennes et les citoyens.

« Nous souhaitons lutter contre la marchandisation de l’éducation. Pour y parvenir il faut d’abord situer le phénomène dans le contexte plus large du néolibéralisme, modèle économique planétaire. La décentralisation, la responsabilisation des établissements, les réformes, les compressions, on voit ça partout dans le monde, et pas seulement au Québec. L’école est vue comme une entreprise et traitée comme telle : on exige des « performances », l’étudiant-citoyen devient un client à qui on doit offrir une formation qui répond essentiellement aux besoins du marché du travail », d’expliquer la vice-présidente de la FNEEQ, Caroline Senneville. « Dans ce contexte, le rôle social que doit jouer l’école, celui de préparer la société de demain est remis en question et c’est très préoccupant. »

Pour la FNEEQ toutefois, ce mouvement n’est pas irréversible et c’est pour cette raison que la fédération sera présente à Porto Alegre. D’une part le premier lieu d’intervention se situe auprès des citoyennes et des citoyens. Ce sont les peuples qui en définitive doivent décider de ce qu’ils veulent. « Pour ma part, il est clair que l’éducation doit être vue comme un droit inaliénable. C’est la responsabilité de l’État d’assurer à toutes et tous une éducation dans une perspective de bien-être collectif et non seulement individuel. Pour ce faire, le rôle de l’État doit être renforcé. Les gouvernements doivent cesser d’abandonner leurs responsabilités au nom de l’idéologie néolibérale », estime la vice-présidente.

De la parole aux actes À propos d’une journée panaméricaine d’action contre le projet actuel de Zone de libre-échange des Amériques, proposition portée par les étudiants, notamment, et qui sera discutée à l’occasion du FSM, Caroline Senneville appuie l’idée et croit que les enseignantes et enseignant doivent favoriser une telle conscience sociale chez les jeunes. Elle souligne d’ailleurs que le rôle que doivent jouer les enseignants dans l’émergence d’un esprit critique chez les étudiants est très important. Ainsi, il est souhaitable que les professeurs mettent à profit l’autonomie professionnelle, qu’on leur reconnaît encore, pour sortir de la pensée unique ; ça fait partie du rôle d’un professeur d’économie d’expliquer ce qu’est la taxe Tobin ou de celui d’un professeur de français d’inclure Germinal et Les Misérables à ses lectures recommandées.

« On doit former de futurs travailleuses et travailleurs, bien sûr, nous le comprenons. Une fois qu’on a dit cela toutefois, on travaille également à l’avancement de la société en général et c’est fondamental », ajoute-t-elle. Éducation et marchands : mauvais ménage Enfin, la marchandisation de l’éducation comporte un danger encore plus important. « L’éducation, livrée aux mains des seuls marchands peut devenir un dangereux instrument de propagande. De toute évidence, au-delà des possibilités de faire de l’argent, c’est justement cette dimension qui rend l’éducation si attrayante pour les milieux d’affaires », redoute-t-elle. On constate en effet que le grand capital s’installe de plus en plus dans les institutions d’enseignement pour pallier le sous-financement. Cette incursion s’accompagne souvent d’une certaine ingérence dans le placement, voire dans le contenu des cours lui-même, ce qui est déplorable. « Encore une fois, en tant que société, il faudra bien se prononcer un jour sur ce qui est acceptable et sur ce qui ne l’est pas », de conclure Caroline Senneville.

La Fédération nationale des enseignantes et enseignants du Québec est l’organisation syndicale la plus représentative de l’enseignement supérieur au Québec, regroupant plus de 8000 chargé-es de cours universitaires, 14 000 professeur-es de cégeps et 1600 enseignantes et enseignants dans les institutions privées. Elle est affiliée à la Confédération des syndicats nationaux (CSN) qui compte quelque 265 000 membres principalement au Québec et fut associée de près à l’organisation du deuxième Sommet des peuples de Québec, du 16 au 21 avril 2001.

Caroline Senneville fera partie de la délégation de la CSN au Forum social mondial de Porto Alegre.

Pour entrevue et information :

Jean-Pierre Larche, Information–CSN, (514) 598-2230