
Monsieur le Premier ministre,
Nous vous interpellons à titre de chef du Gouvernement afin de redresser la barre en enseignement supérieur. Nous vous demandons de répondre aux défis auxquels sont confrontés les personnels des collèges et des universités. Alors que le contexte socio-économique et environnemental rend plus que jamais nécessaire la formation de travailleuses et de travailleurs qualifiés, le développement de connaissances de pointe et les avancées que permet la recherche, le secteur de l’enseignement supérieur a un rôle déterminant à jouer pour l’avenir du Québec.
Malheureusement, l’élan de celles et ceux qui œuvrent à produire et transmettre les savoirs est freiné par la titulaire du portefeuille de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry. Votre ministre, faisant fi des raisons expliquant les appels à sa démission, a ainsi perdu la confiance des milieux dans lesquels nous évoluons.
Soyez conscient que les compressions défendues par Pascale Déry s’avèrent désastreuses. En amputant 151 millions de dollars dans les cégeps cette année et en réduisant les crédits budgétaires dans les universités au lieu de les indexer, c’est comme si le Québec coupait la branche sur laquelle il est assis. Par ailleurs, à l’évidence, la ministre Déry échoue à répondre au rapport de la vérificatrice générale qui confirme l’état de délabrement des infrastructures en enseignement supérieur.
En outre, après que le précédent gouvernement ait rendu les établissements dépendants du financement en provenance de l’international, votre ministre a augmenté les droits de scolarité des personnes étudiantes venues de l’étranger et a plafonné leur nombre sans concertation avec le milieu, creusant le gouffre financier du budget des universités et des cégeps, mettant à risque des programmes d’études. Jumelé avec le gel des dépenses et le gel d’embauche du personnel administratif dans les cégeps, voilà une tempête parfaite qui mettra une pression énorme sur le personnel de soutien et le personnel professionnel. Ces deux groupes sont composés majoritairement de femmes.
Liberté académique et microgestion
En matière de liberté académique, la ministre excelle dans l’art de se mettre les pieds dans les plats en commettant des ingérences aux conséquences graves, en complète contradiction avec la Loi sur la liberté académique que votre formation politique a adoptée en 2022. Elle s’est opposée à la nomination d’une professeure pourtant désignée par ses pairs au CA de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS). Elle s’est personnellement ingérée dans le contenu des cours de cégeps à Vanier et Dawson en plus de lancer une enquête stérile sous forme de représailles dans ces deux collèges.
Quant au développement effréné de l’intelligence artificielle, Pascale Déry a démontré son attentisme. Il a fallu un rapport du Conseil supérieur de l’éducation et de la Commission d’éthique en science et technologie pour lancer une « instance de concertation ». Elle a récemment agi en éteignoir en reportant le dévoilement des conclusions de cette instance, alors qu’unanimement le milieu s’entend sur la nécessité d’un encadrement pressant de cette technologie et d’un soutien supplémentaire.
Déry incapable de défendre le réseau
Pascale Déry coule son examen. Elle est incapable de défendre le réseau de l’Enseignement supérieur au moment où le Québec est confronté à des défis exceptionnels. Depuis 2022, elle démontre sa méconnaissance de nos établissements et plus fondamentalement des conditions qui sont nécessaires pour accomplir les missions de production et de transmission des connaissances de nos cégeps et universités. Il y a urgence de rétablir les ponts entre le gouvernement que vous dirigez et le milieu.
Nous vous demandons de nommer un nouveau titulaire à l’Enseignement supérieur qui connaît le réseau, qui souhaite le soutenir et qui saura vous conseiller adéquatement d’ici les prochaines élections.
Signataires
- Benoît Lacoursière, Président, Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ–CSN)
- Jessica Goldschleger, Présidente, Fédération des professionnèles (FP–CSN)
- Madeleine Pastinelli, Présidente, Fédération québécoise des professeures et professeurs d’université (FQPPU)
- Vincent Beaucher, Président, Fédération de la recherche et de l’enseignement universitaire du Québec (FREUQ–CSQ)
- Marie-Noël Bouffard, Présidente par intérim, Secteur soutien cégeps (FEESP–CSN)
- Valérie Fontaine, Présidente, Fédération du personnel de soutien de l’enseignement supérieur (FPSES–CSQ)
- Eric Gascon, Président, Conseil provincial des collèges (SCFP–FTQ)
- Youri Blanchet, Président, Fédération de l’enseignement collégial (FEC–CSQ)
- Éric Cyr, Président, Fédération du personnel professionnel des collèges (FPPC–CSQ)
- Claude Fortin, Présidente, Fédération du personnel professionnel des universités et de la recherche (FPPU)
- Annie Trottier, Présidente, Conseil provincial du secteur universitaire (SCFP)