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Lettre ouverte à Michelle Courchesne, ministre de l’Éducation, du Loisir et du Sport

Madame Michelle Courchesne

Ministre de l’Éducation, du Loisir et du Sport

Madame,

Nous tenons par la présente à vous faire part de notre profond mécontentement

quant aux décisions de votre ministère concernant la répartition des transferts fédéraux dévolus

aux cégeps. Ces décisions passent clairement à côté des véritables besoins du réseau collégial.

Dans le contexte actuel, elles nous apparaissent inacceptables.

L’enseignement est au cœur de la mission des cégeps. Pourtant, depuis 15 ans, la

tâche n’a cessé d’augmenter et les ressources de diminuer. Aux coupes liées à l’atteinte du déficit

zéro, à la fin des années 1990, se sont ajoutées, depuis la réforme de 1994 réalisée à coût zéro,

de nouvelles obligations en matière de programme. De plus, un alourdissement important de la charge

de travail des enseignantes et des enseignants, provoqué par l’inadéquation entre le financement et

l’organisation scolaire, des mesures administratives comme la modification de la date d’abandon ou

encore les doubles imputations des ressources enseignantes, n’ont fait qu’accentuer le problème.

Les pertes d’enseignantes et d’enseignants au cours des douze dernières années se chiffrent par

centaines, au moment où les défis deviennent plus importants compte tenu de l’hétérogénéité

croissante des effectifs étudiants, de la baisse des seuils d’entrée et des attentes toujours plus

grandes en matière de technologie, de formation et de réussite.

Dans ce contexte, la décision de votre ministère relative à l’utilisation des

transferts fédéraux consacrés à l’ordre collégial est plus que décevante et nous tenons aujourd’hui

à la dénoncer publiquement à trois égards :

Votre ministère a participé aux travaux du comité paritaire sur la profession

enseignante au collégial. Ce comité a largement démontré la complexité et l’étendue de la tâche

enseignante actuelle dans les cégeps. Les conseils d’administration des établissements ont reconnu,

à la suite du dépôt du rapport, la nécessité de valoriser la profession enseignante. En toute

logique, nous nous serions attendus à ce qu’une partie importante des sommes en provenance du

gouvernement fédéral soit utilisée tout au moins pour atténuer les problèmes engendrés par le trop

grand nombre d’étudiantes et d’étudiants à encadrer ou par les trop nombreuses préparations, deux

éléments majeurs qui alourdissent notre travail.

Vous en avez décidé autrement. Cela ajoute au ressentiment des enseignantes et

des enseignants, qui n’ont oublié ni décembre 2005, ni l’odieuse loi 43, ni la fin de non-recevoir

envers les représentations que nous avons faites sur la tâche, au cours des deux années de

négociations stériles.

Aujourd’hui, en cette journée mondiale des enseignantes et des enseignants, nous

tenons à vous faire savoir que ces choix nous apparaissent inacceptables. Les cégeps ne peuvent

contribuer utilement au développement de la société québécoise que dans la mesure où leurs

principaux artisans se sentent respectés et que les conditions d’enseignement permettent d’a

tteindre l’objectif d’une éducation de qualité sur l’ensemble du territoire.

Sous peu, nos représentants solliciteront une rencontre pour discuter avec vous

de l’ensemble de cette question. Nous osons espérer que vous accepterez, en cette occasion, d’e

nvisager avec eux les mesures qui s’imposent pour donner un peu d’oxygène à l’enseignement

collégial.

Mario Beauchemin, président de la FEC-CSQ

Jean-Claude Drapeau, président de la FAC

Ronald Cameron, président de la FNEEQ-CSN

Au nom des 9 023 enseignantes et enseignants du collégial ayant endossé

cette lettre

Le 6 octobre 2008

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