7eCongres

Ottawa – 19 juillet 2015 – Caucus LGBT – Par Dominique Dubuc, enseignante au cégep de Sherbrooke

À l’ouverture du caucus LGBT précongrès du 7e Congrès de l’Internationale de l’éducation (IE), le secrétaire général de l’IE, Fred van Leeuwen a tenu à rappeler l’ampleur des défis qu’il reste encore à affronter en 2015.

Certains pays ont connu des reculs, mais d’autres ont fait des pas significatifs du point de vue légal. Mais M. van Leeuwen a souligné que les protections légales sont loin d’être garantes de la sécurité des personnes LGBT à travers le monde.

Partout dans le monde, les syndicats sont des catalystes pour favoriser la progression des droits des personnes des minorités sexuelles et faire reculer l’homophobie et la transphobie. Et puisque nous sommes dans le milieu de l’éducation, c’est en plus au cœur même de notre mission éducative que de transmettre des valeurs inclusives et de faire connaître les droits humains fondamentaux.

Gabrielle Richard, chercheure à l’Université de Montréal a prononcé la conférence principale. Elle a ainsi tracé un portrait clair et sans complaisance de ce que vivent les jeunes LGBT dans nos établissements scolaires mais aussi de ce que vivent leurs enseignants. Voici quelques faits saillants qu’elle nous rapporte:

L’école n’est pas en milieu sécuritaire pour les jeunes LGBT. Entre 50 et 80% (selon le pays) des jeunes LGBT ont vécu des violences homophobes à l’école.

Beaucoup d’élèves hétérosexuels vivent de l’homophobie. Environ un tiers des jeunes, toutes orientations sexuelles confondues, subissent de l’homophobie.

L’homophobie est avant tout une violence basée sur le genre. Donc la définition traditionnelle de l’homophobie est incomplète car elle devrait souligner qu’elle renforce les stéréotypes et les préjugés de genre. Bref, l’homophobie s’érige en une police du genre.

L’homophobie a des impacts majeurs sur la réussite scolaire. Évidemment qu’un jeune qui subit des violences homophobes ne peut canaliser efficacement ses énergies vers ses études. Ceci a donc des impacts notamment sur le niveau de décrochage scolaire et même sur les aspirations scolaires.

Les manuels scolaires ne parlent (presque) pas d’orientation sexuelle et lorsqu’ils le font, c’est dans des contextes excessivement réducteurs (abus sexuels, holocauste, suicide, etc.) De plus, l’information en lien avec les LGBT, quand elle est présente, est souvent physiquement à part du reste, dans un encadré, par exemple.

Les manuels scolaires accentuent une «normalité» hétérosexuelle. Cette présomption de l’hétérosexualité universelle envoie le message clair que la diversité sexuelle n’existe pas.

Les enseignantes et les enseignants sont confrontés à l’homophobie et à des questions sur l’homosexualité. Les enseignants rapportent se sentir peu outillés pour aborder d’emblée les réalités LGBT dans le cadre de leurs cours, mais aussi pour faire des interventions dans le cas de situations d’homophobie ou transphobie, ou encore quand les jeunes leur posent des questions. En conséquence, et se sentant mal outillés, les enseignantes et les enseignants choisissent parfois de ne pas intervenir, ce qui cautionne d’emblée l’homophobie, ou encore ils font des interventions de façon non planifiée.

Les enseignantes et les enseignants ont besoin de formation sur les enjeux spécifiques à la diversité sexuelle. Les enseignants ayant suivi une formation spécifique sont plus portés à intervenir et à aborder le sujet d’emblée. 88% des enseignants considèrent que leur formation universitaire est inadéquate à ce sujet.

Les enseignantes et les enseignants veulent légitimer leurs pratiques liées à la diversité sexuelle. Une politique locale, des manuels scolaires inclusifs, l’appui de l’administration et des collègues sont autant de facteurs qui contribuent à encourager les enseignants à intervenir et aborder le sujet.

Quelques pistes concrètes:

  • intervenir systématiquement contre l’homophobie et contre les violences genrées;
  • utiliser un langage inclusif;
  • remettre en question certaines idées préconçues (les stéréotypes de genre, etc.);
  • adopter une pédagogie neutre au niveau du genre (ne pas scinder le groupe selon le genre, éliminer les références au sexe lorsque non requis, etc.).